dimanche 25 mai 2008

Le Palmarès de Cannes 2008 en avant-première

- Palme d’or annoncée avant même le début du festival, mais qui, comme tous les ans n’aura pas lieu : N’importe quel film de Clint. Il en a marre d’attendre, mais il attendra encore.

- Film qui dit le mieux que le monde ne tourne pas rond (comme 80% des films de la sélection) : Waltz with Bashir d’Ari Folman

- Film qui dit le mieux qu’avant de vouloir sauver le monde qui ne tourne pas rond, commencez déjà par régler les problèmes dans votre propre famille : Conte de Noël d’Arnaud Desplechin

- Médaille de l’Académie Andrei Tarkovski pour l’hommage le plus besogneux au dieu Andrei : Delta de Kornel Mundruczo

- Médaille de la Fondation Malcolm Mac Laren pour « ce film qui, par son art du crachat millimétré balancé devant un parterre en smoking perpétue le geste punk, 31 ans après son invention » : Los Bastardos d’Amat Escalante

- Plus beau début de film : la plongée dans le kop du stade des Corinthians de Sao Paulo en montage parallèle avec les prières des fidèles dans Linha de Passe de Walter Salles et Daniela Thomas.
- Plus belle fin de film: les scènes médicales de Conte de Noël.

- Film le plus émouvant : Le silence de Lorna des frères Dardenne
- Film le plus glacial : Adoration d’Atom Egoyan

- Film le plus contraint : 24 City de Jia Zhang Ke
- Film le plus libre : Ce cher mois d’août de Miguel Gomes

- Film le plus opaque : La femme sans tête de Lucrecia Martel
- Film le plus limpide : Wendy et Lucy de Kelly Reichardt

- Film le plus vain : Synecdoche, New York de Charlie Kaufman
- Film le plus utile pour que les ados arrêtent de rêver (1) devant Scarface : Gomorra de Matteo Garrone (2) devant Ronaldinho ou Thierry Henry : Linha de Passe de Walter Salles et Daniela Thomas

- Film le plus dépaysant : Tulpan de Sergey Dvorstevoy
- Film le moins dépaysant : Entre les murs de Laurent Cantet

- Film le plus tchatcheur : "battle verbale" entre Dernier Maquis de Rabah Ameur-Zaïmèche, Entre les murs de Laurent Cantet et Lonely Tunes of Teheran de Saman Salour
- Film le plus mutique : Liverpool de Lisandro Alonso (ce qui ne veut pas dire le moins éloquent, le film jouant assez bien sur l’après-coup).

- Palme d’or du papotage saisi dans les files d’attente : « Ségolène, elle voulait venir rencontrer les salariés des grands hôtels et passer pour les 40 ans de la Quinzaine et de 68, tout ça, quoi… mais on l’a dissuadé finalement. Cannes, ça fait trop paillette et les médias y vont pas saisir la différence entre la Quinzaine et la Sélection Officielle. Au PS, il l’auraient pas loupé sur le mode : Ségo bling bling. Par contre, pour Avignon, en juillet, là, faut vraiment faire un truc, parce que ça a du sens, avec des rencontres avec les intermittents et tous les acteurs de la création, tu vois ? Faut qu’on organise ça, une fois rentrés à Paris ».

- Film le plus surprenant : Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa

- (Télé)film français le plus prévisible : Versailles de Pierre Schoeller
- (Télé)film français peut-être prévisible, mais le plus sympatoche et sans prétention : Les grandes personnes de Anna Novion

- Film affichant le mauvais goût le plus réjouissant : Il Divo de Paolo Sorrentino. J’ai décroché à la moitié du film, mais cette surenchère de tics de mise en scène (raccord de travellings dans tous les sens, jeu appuyé, rendu de personnages marionnettes) n’est finalement pas inintéressante tant elle produit l’impression d’une folie baroque mettant à nu les faux-semblants du théâtre d’ombres de la politique.
- Film affichant le plus mauvais goût, mais pas réjouissant, simplement de pur mauvais goût : une grosse affiche pour cette future daube, à quelques mètres de l’affiche d’Ingrid Bétancourt.

- Film le plus calibré : ça doit sans doute se jouer entre Clint et Soderbergh, mais n’ayant vu ni l’un ni l’autre…
- Film le plus bricolé : Blind love de Juraj Lehotsky

- Film le plus gentil : My magic d’Eric Khoo
- Film le plus cruel : Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan

- Film le plus beau (visuellement, mais pas humainement) : Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan
- Film le plus laid : Maradona par Kusturica
- Film le plus soûlant : Maradona par Kusturica
- Film le plus politiquement douteux : Maradona par Kusturica

- Souvenir de projection qui restera : Avoir eu, pendant deux heures, les pieds posés sur le même plancher et avoir respiré le même air qu’une idole adolescente, un certain n°10 de l’équipe d’Argentine. C’était, malheureusement pendant la projection de ce que vous imaginez. Mais on peut pas tout avoir dans la vie.

Attention, sur cette vidéo, le génie va passer. Un indice : la seule paire de mains qui ne fait pas « clap, clap », c’est bien celle de la main de Dieu.

6 commentaires:

benoit ciron a dit…

quel est ton métier Joachim?
as-tu vraiment vu tout les films de la sélection?
as-tu une photo de la honteuse affiche de la future daube à coté de celle des otages en colombie?
et, n'idolâtrant pas Maradona comme joueur ni comme homme, je trouve abjecte le barouf autour de ce documentaire.
politiquement, tes doutes ne me surprennent donc pas, la lèche d'Emir, Diego et d'autres (Danielle mitterrand etc....) aux dictateurs sud-américains comme Castro et Chavez(qui m'amusait au début pour m'inquiéter sérieusement maintenant) m'est insupportable.
je ne l'ai pas vu et ne veux surtout pas payer pour le voir.

bravo encore pour ton blog
a+

Anonyme a dit…

Je te tire mon chapeau d'avoir réussi à en voir autant et d'avoir avec une telle constance continué a alimenter ton blog. Tu es un festivalier émérite !
Je regrette que l'on ne se soit pas croisés de nouveau, mais j'ai du retourner bosser jusqu'à samedi ce qui fait que j'ai du voir, en tout, une dizaine de films, guère plus. Je termine mai et puis je raconte. Est-ce que tu as vu les courts métrages en compétition ?

Anonyme a dit…

Eh bien, ils ont bien de la chance les bloggeurs émérites d'avoir des accréditations! En tout cas, merci pour ces savoureux compte-rendus du festival : j'ai apprécié.
Que penses-tu du palmarès?

Joachim a dit…

Réponses aux questions en vrac.

Tout d'abord le palmarès. Assez cohérent somme toute. Suis surtout content d'avoir vu presque tous les films primés (à part le Che et Eastwood). Ratio de cette année: 16 films sur 22 de la compète. Comme tout le monde, je m'étonne de l'absence de "Bashir" qui semblait cumuler tous les facteurs pour un prix de choix (sujet socio-politique, écriture novatrice, capacité à toucher le public, nouveau nom à promouvoir comme "découverte" du festival). Est-ce que le sujet était trop sensible ? En même temps, le film m'a tout de même paru plus inégal qu'on ne le dit, ce qui a dû donner lieu à d'intenses débats. De toute façon, on en parlera beaucoup à sa sortie.
Sinon, il y a de grands fans du James Gray aussi, mais pas vu donc peut pas en dire grand-chose. C'est vrai que ce cinéaste est finalement tellement classique que, paradoxalement, c'est lui qui crée le plus de débats et de clivage.
Sinon, "3 singes", rien à dire pour son prix, un pur film de mise en scène.
Sinon, j'aime vraiment beaucoup "Entre les murs" mais je suis un peu surpris de le voir si haut (je m'attendais à un film plus "de styliste", Eastwood ou NB Ceylan), mais tant mieux. "Gommora", je suis aussi un peu surpris de le voir aussi haut, mais même si j'ai eu l'air de m'en moquer, le film n'est quand même pas rien. Son grand intérêt c'est quand même son aspect "citoyen" (qui nettoie la camorra de toute mythologie) tout en continuant à offrir un film spectaculaire, presque un "super film de genre". Quoi qu'il en soit, bien content pour le cinéma italien, qui a montré un visage assez inattendu cette année.

Sinon, pas vu les courts de la sélection officielle. Le CM est un peu le parent pauvre de ce genre de manifestation où on est souvent sollicité par une autre projection à la même heure. Je suis juste allé à la projection des moyens de la Semaine de la Critique par curiosité pour le film de JS Chauvin et parce que j'avais entendu beaucoup de bien des "Paradis perdus" d'Hélier Cisterne (qui, tiens, se passe en mai 68 mais ne traite pas des "évènements" ou alors par la bande) et c'est effectivement assez original et maîtrisé.

Sinon Benoît.

Tu dois bien être le premier amateur de foot qui n'apprécie pas Maradona, le seul joueur de l'Histoire qui a quand même réussi à gagner une Coupe du Monde (86) à lui tout seul. L'équipe d'Argentine de l'époque était honorable mais sans plus (aucun autre nom n'est resté) et c'est lui qui y a apporté tout son génie.

Quant à la "daube" dont je parle, c'est une comédie avec Jugnot et Lanvin où ils jouent le rôle de journalistes pris en otage (mais apparemment pour devenir populaires et attirer l'attention sur eux). Ca m'a l'air particulièrement douteux. A un moment, j'ai même pensé qu'on pouvait les échanger contre Ingrid Bétancourt, mais j'ai eu aussi honte d'avoir des pensées elles-même aussi douteuses et de mauvais goût.

Enfin, mon métier? Moi-même, je me le demande parfois. Disons que ça a trait à l'écriture mais oscillant entre divers activités (scénarios, textes pour des agences d'architecture, rédactions plus "commerciales" pour des entreprises). Je ne suis aucunement critique de cinéma, seulement un fervent cinéphile qui, dès qu'on lui parle de films alléchants est prêt à faire 900 kilomètres, à quémander des invitations et à attendre des heures avant la projection pour aller les voir avant tout le monde. Est-ce bien raisonnable ?

Anonyme a dit…

Un petit mot pour remercier de ces comptes-rendus en direct de Cannes. Le journal de bord le plus intéressant de la quinzaine.
Sinon, nous qui nous sommes pris le bec récemment sur Lisandro Alonso : son nouveau film "Liverpool", c'est une biographie de Peter Crouch ou de Ian McCulloch ?

Joachim a dit…

"Liverpool", c'est plutôt le parcours d'un homme qui a dû écumer tous les pubs de la ville, en écoutant "Mersey Paradise" et en regardant les exploits des Reds. Mais pour avoir l'explication du titre, il te faudra patienter... jusqu'au tout dernier plan, eh, eh! Toi qui n'aimes pas Alonso, te voilà gâté ! Cela dit, le film est un tout petit peu plus narratif et psychologique que les précédents. Disons que le scénario a besoin maintenant de trois lignes au lieu d'une seule, précédemment. Cela dit, pour qui rentre dans le film, il reste et dégage une émotion persistante, que pour ma part, je n'avais pas entièrement saisie durant la projection.