Conte de Noël (Arnaud Desplechin), There will be blood (Paul Thomas Anderson), No country for old men (les frères Coen)
Finalement, je ne sais plus trop quoi penser de ces trois-là. De l'ambition et de l'indéniable virtuosité, c'est sûr, mais quelque chose qui finit par ne plus me toucher là-dedans (infiniment moins que les onze films cités au-dessus, même si certains ne sont pas exempts de maladresse). Mais précisément, quand bien même plusieurs de leurs moments me plaisent énormément, je pense avoir un problème de proximité avec ces trois films quand même hantés par une vision du cinéma purement rhétorique, presque de l'art pour l'art.
DEUX FACES-A-FACES
Celui entre Bobby Sands et le prêtre dans Hunger et le pile-ou-face entre Anton Chigurh et l’épicier (le seul qui s’en tire indemne) dans No country for old men.
Meilleure performance d’acteur qui finit malheureusement par aspirer le film : Daniel « ne m’appelez plus jamais le meilleur acteur du monde, même si je fais tout pour » Day Lewis dans There will be blood.
Meilleure performance d’acteur qui fait un sort aux performances d’acteur : Robert Downey Jr dans Tonnerre sous les tropiques (Ben Stiller).
Meilleure performance d’acteur qui fait de ce dernier le véritable co-auteur du film : Samir Guesmi dans Andalucia (Alain Gomis).
Meilleur film fantôme de l'année : Quatre nuits d’un rêveur (Robert Bresson 1971), dont je ne peux m’empêcher de trouver des traces dans Quatre nuits avec Anna et Dans la ville de Sylvia (ce qui n’est sans doute pas un hasard) mais également dans Two lovers (via les Nuits Blanches de Dostoïevski).
ET PUIS TOUT UN TAS D'ACCESSITS :
Meilleur bâtiment qu’on espère retrouver un jour dans un film : ce musée d’Alvaro Siza qui ferait vraiment un bel écrin pour une poursuite.
Plus belle ville filmée : la périphérie de Marseille dans Grand Littoral de Valérie Jouve (2003). Paraît que Khamsa de Karim Dridi est tourné au même endroit, mais en-dessous des échangeurs et des voies rapides…. mais comme je ne l’ai pas vu… J’attends donc les DVD pour faire un splendide comparatif dessus-dessous.
Sinon Suzhou dans Cry me a river, court-métrage de Jia Zhang Ke, vu seulement partiellement dans cette exposition qui proposait d'autres étonnantes vidéos notamment un travelling en téléphérique et funiculaire à Shongqing.
Meilleure fin de film : tout de même celle de Conte de Noël… et les explosions à la fin de Beaufort…
Meilleur sujet plus fort que le film raté : Coluche, l’histoire d’un mec (Antoine de Caunes)
Meilleur film qu’on aurait quand même rallongé un petit peu : My magic (Eric Khoo…)
Meilleur courts-métrages rallongés en longs : Capitaine Achab (Philippe Ramos) et Rumba (Abel et Gordon)
Meilleur court-métrage vu cette année: Love you more de Sam Taylor-Wood (pour mémoire la chanson éponyme et BO du court)
Meilleure vidéo Youtube qui joue d'ailleurs sur les mêmes mécanismes de fixité, d'immobilité et d'esthétisme qu'En avant jeunesse, le meilleur film de l'année : celle-là, lugubre et funèbre de Sam Taylor Wood
Les nuits de la pleine lune (Eric Rohmer 1984)
Meilleur bonus DVD vu au cinéma : Les plages d’Agnès (Agnès Varda)
Meilleure émission de télé vue au cinéma : 20 minutes de bonheur (Oren Nataf et Isabelle Friedman)
Meilleur épisode de série vu au cinéma : Phénomènes (M. Night Shyamalan), en l'occurrence le chaînon manquant entre la série B et le pilote de série télé.
Meilleur film qu’on adorait à la télé mais qu’on n’est pas allé voir au cinéma parce que ça faisait trop peur : Sex and the city (Michael Patrick King)
Meilleur film pas vu en salle, mais c’est pas grave, il y en aura un nouveau du même auteur dans six mois : Mad detective (Johnnie To et Ka-Fai Wai)
Meilleur film pas vu en salle, mais c’est pas grave, il y en aura un nouveau du même auteur dans six jours et encore un suivant dans six mois : Christophe Colomb, l’énigme (Manoel de Oliveira)
Meilleurs films pas vus en salle, ce qui m’empêche de prendre part aux procès politiques de l’année : L’Echange (Clint Eastwood), grand film démocrate ou réac ? et Juno de Jason Reitman (l’enrobage de la comédie caramel ne servirait-il qu'à faire avaler une infâme pilule pro-life ?).
Résurrection (relative) d’un cinéaste dont on n’attendait plus grand-chose : Ken Loach pour It’s a free world.
Meilleur cinéaste dont on attendait, il n'y a pas si longtemps, chacun de ses nouveaux films en tremblant et dont la sortie de l'opus de cette année est passée complètement inaperçue : Takeshi Kitano (pour Glory to the filmmaker).
Meilleur (mini) come-back : la fort brève reformation virtuelle de ces génies...
Meilleurs films que tout le monde aime mais moi mouaif : Eldorado (Bouli Lanners) et La zona (Rodrigo Pla)
Meilleur film que (presque) tout le monde aime et moi, ça me gêne pas de l’aimer : Entre les murs (Laurent Cantet)
Meilleur film que personne n'aime sauf la critique, et comme, je suis pas critique, ben non, j'aime pas : La frontière de l'aube (Philippe Garrel)
Meilleur film que pas grand-monde n’aime, mais moi si : La guerre selon Charlie Wilson (Mike Nichols)
Film le plus sous-estimé de l'année : Margot va au mariage (Noah Baumbach), tellement sous-estimé que sa sortie prévue en mars 08 a été annulée… alors même que le casting compte Jack Black et Nicole Kidman. Vraiment dommage parce que même s’il est moins réussi que Les Berkman se séparent (2005), le précédent de son auteur, il y a là un ton tout à fait étonnant, tchekhovien contemporain et cruel.
Meilleur titre de film pour résumer la situation du cinéma français, ou plutôt l’ultimatum qu’il a adressé via le club des 13 : Soit je meurs, soit je vais mieux (Laurence Ferreira Barbosa).
Meilleure raison d'aller mieux pour le cinéma français : En 2009, en plus des nouveaux Téchiné, Resnais et Claire Denis, on verra les premiers longs de Sophie Letourneur, Riad Sattouf et Joann Sfar. Can't wait...
LE POINT SUR L’ACTUALITE…
Meilleure raison de changer le titre de ce blog : lever toute ambiguïté car il pourrait faire croire à une incitation au travail dominical.
Meilleur rendez-vous manqué : Encore croisé Carax deux fois cette année (à Cannes et au métro Alexandre Dumas) et toujours autant la trouille de l’aborder… alors qu’il suffisait de lui dire merde.
Meilleure réplique pour expliquer la crise : "Plus la boîte où tu bosses est grande, plus l'appart' où tu vis est petit". Entendu dans Interior design (segment de Michel Gondry dans Tokyo!). Suivant l'idée reçue selon laquelle le Japon a 20 ans d'avance, nous savons à quoi nous attendre.
- Pas mal tes 20 millions, mais si tu me les laisses les placer, je t’en promets 4,9 milliards.
-Hein ? »… (Jérôme Kerviel à Dany Boon)…
BON, NON, UNE CONCLUSION PAREILLE, C'EST QUAND MEME PAS POSSIBLE, CONCLUONS PLUTOT AVEC UNE REJOUISSANCE A VENIR
Meilleur film vu en 2008 et qui sera à coup sûr dans le top 2009 :
Ce cher mois d’août (Miguel Gomes) - Sortie le 17 juin 2009.
Plus j’y pense, plus j’y vois le manifeste du cinéma libre d’aujourd’hui, un cinéma qui ne pense pas qu’au cinéma, mais qui dit simplement que le cinéma, c’est ce qui rend la vie plus intéressante que le cinéma.
Sur ce, donc, bonne vie, bonne année et bon cinéma.