On a appris, il y a quelques jours que le mythique stade de San Siro à Milan allait être détruit. Le plus étonnant est que l'avis de la commission régionale dépendant du Ministère de la Culture italien, avait qualifié le bâtiment de "sans intérêt culturel".
Objection, votre honneur !
L'intérêt culturel du stade ne réside pas uniquement dans sa mémoire footballistique, mais bien artistique, puisqu'il accueille la plus belle oeuvre d'Op'Art involontaire des cinquante dernières années.
(Alors, est-il prévu de reconstruire, au moins une des colonnes d'accès ailleurs, et de la conserver comme installation ? A la manière du spécimen du Pavillon Baltard déplacé à Nogent, après l'éventrement des Halles.)
Un temps d'avant les attentats et d'avant les virus.
Est-ce qu'on pouvait pour autant se balader dans les rues sans peur au ventre ?
Pas sûr....
(Vieille vidéo Facebook que je pensais avoir perdue après déconnexion du réseau social. Je me permets de la remettre ici. Déjà des petits airs de capsule temporelle).
Bonne blague twitter avec cet effet spécial simplissime, ce jeu sur l'arrière-plan qui fonctionne toujours. Rentrer par inadvertance et se déranger soi-même, voilà un imparable gag à double fond qui a de quoi rendre jaloux Charlie Kaufman.
Today I made a Zoom background of myself accidentally walking in on myself in a Zoom meeting. pic.twitter.com/Rl2AsjfZ7V
Créer le vertige par un simple jeu d'ouvertures et de fermetures de porte. Rentrer en soi comme dans un labyrinthe, c'était déjà le défi virtuose de ce passage d'Opération Peur (Mario Bava 1966). On a beau ouvrir frénétiquement des portes, on ne sort jamais de la même pièce, encore moins de son propre espace mental. Pousser la porte, c'est glisser dans le dédale de sa propre schizophrénie.
Un acteur qui court derrière un figurant, un jeu de costume identique, et comme seul effet spécial, le rythme musical des panoramiques de la caméra. Il ne faut pas grand chose, finalement pour créer un vertige.
Autre petit labyrinthe architectural, celui rencontré par Jackie Chan dans Mister Cool (Sammo Hung 1997). Dans le recoin d'un immeuble en chantier, une zone soudainement plus architecturée : une trame de parois grises et de portes bleues. Idéale pour semer l'ennemi. La séquence prend des allures de bonneteau visuel. Hop, hop, hop, derrière quelle porte est passé Jackie ? Impossible de retrouver ses repères dans le rythme des claquements, ouvertures et fermetures. Qu'y a-t-il derrière la porte bleue : un adversaire? un allié? un coup de poing? une grimace? L'espace en devient un quadrillage presque abstrait, animé par le surgissement de blocs bleus sur ce fond grisâtre.
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Il est toujours amusant de croiser, au détour de films a priori de pur divertissement, des éléments de décor qui ressemblent à des installations d'art contemporain.
Ainsi, ce petit labyrinthe de Jackie Chan évoque pour moi le Labyrinthe Initiatiquede Laurent Parienté (1997), agencement de parois de plâtre blanc, aux multiples pans, recoins et perspectives biaises. Quelle poursuite infinie aurait-on pu tourner là-dedans ?
"365 jours ouvrables", c'est un peu plus encourageant qu' "à chaque jour suffit sa peine". C'est surtout le titre d'une (la meilleure ?) chanson de Diabologum , groupe fort inégal mais excitant dans son avidité de découverte et dans les quelques mots d'ordre lancés dans leurs chansons: "A découvrir absolument" ou "L'art est dans la rue", slogans avec lesquels on ne pouvait être que d'accord. Et puis pour avoir mis en musique rageuse le monologue final de Françoise Lebrun dans "La maman et la putain", il sera immensément pardonné à ce groupe. Je retrouvais aussi dans ces compositions une certaine impatience adolescente et désordonnée et surtout une envie de faire partager ses dernières découvertes en musique en art, en cinéma ou en littérature. A sa manière, ce blog tente la même chose. D'abord en tentant d'établir des "passerelles" entre différentes oeuvres et / ou évènements. Ensuite, en essayant de faire découvrir des films rares qui me tiennent à coeur ("films inconnus"). Enfin , mes textes et mes photos interrogent mes expériences autour de mes deux terrains de jeu et chantiers de réflexion favoris: la ville dans laquelle j'évolue et le cinéma que mes yeux préfèrent.