jeudi 31 décembre 2009

On finit le match

La belle équipe que voilà pour se souvenir de l'année ciné (sans ordre, simplement des justes positions sur le terrain) :


Gardien : Le miroir magique (Oliveira)
Souveraineté, expérience et limpidité des dégagements (fictionnels).

Libero : Tetro (Coppola)
Assurance dans les petits espaces, petite tendance à tricoter dans le lyrisme mais rattrapée par son autorité naturelle qui réoriente le jeu vers une inspiration retrouvée.

Défense centrale : Vincere (Bellochio)
Hargne contre l’adversité, grande lecture tactique du jeu de l’adversaire.

Couloir gauche : Inland (Tariq Teguia)
Couloir droit : Le chant des oiseaux (Albert Serra)
Deux explorateurs de territoires plastiques qui savent déjouer le surplace et conjurer avec détermination la menace de l’étroitesse de leurs périmètres pour ouvrir de nouvelles perspectives vers l'avant.

Milieux récupérateurs : Tokyo Sonata (Kurosawa) et Le temps qu’il reste (Suleiman)
Temporisation, endurance, sérénité, qualités de base pour une réinvention narrative. Deux films qui croisent le zeitgeist sans avoir besoin de le mimer sociologiquement. C’est qu’il ne sert à rien de lui courir après, il faut le faire venir dans les rets de son propre regard, de sa propre vision du jeu pour mieux le dribbler.

Milieu créateurs : Ce cher mois d’août (Gomes) et Les herbes folles (Resnais)
Prises d’élans sans filet, hybridations, improvisations, déconstructions, reconstructions. Une générosité des combinaisons et une vivacité des regards qui aèrent considérablement le jeu.

Attaque : Démineurs (Bigelow) et Inglourious basterds (Tarantino)
Nervosité, agressivité, témérité face au danger, mais surtout musicalité du rythme et un sens de la promptitude qui visent au plus net (nonobstant, comme chez tous les attaquants, un soupçon de roublardise et d'opportunisme mais whatever works, les gars) .


Douzième homme (impact player) : The wrestler (Aronofsky)
Agressivité, respect des consignes (ou plutôt de son programme de réalisation), donne tout d'emblée dans ses meilleurs quarts d'heure, avec la contrepartie d’avoir un peu de mal à tenir la distance.

Pour mettre de l'ambiance sur le banc (mais rentreront-ils dans le match?) : La bonne compagnie de Wendy et Lucy (Kelly Reichardt) et les Funny people (Judd Apatow), histoire d'entendre fuser des bonnes vannes contre l'ennui.

Hommage à Raymond Domenech avec le reste du banc en bleu pour arriver à une liste des 23 : Irène (Cavalier), Le roi de l’évasion (Guiraudie), Fais-moi plaisir (Moullet, euh non Mouret bien sûr), Les beaux gosses (Sattouf), OSS 117 Rio ne répond plus (Hazanavicius).

Pas retenu sur la feuille de match malgré l’indécente pression des supporters : Gran Torino (Eastwood)

Et pour en finir avec les croisement foot et cinéma, la trop fausse bonne idée de l’année : Looking for Eric (Ken Loach)

***

Equipe fantôme des films pas vus (ce qui relativise d’emblée ce petit jeu) : Toujours pas vus Ponyo sur la falaise (Miyazaki), Up (Pixar), Panique au village (Patar et Aubier), United red army (Wakamatsu), L'armée du crime (Guédiguian), La danse (Wiseman), Bellamy (Chabrol), Une religieuse portugaise (Green), qui tous ont eu droit à leurs petites citations dans un top ou un autre.

Meilleur film pas vu mais qui m'aurait sans doute intéressé pour des raisons extra-cinématographiques : Red riding trilogy pour le catalogue d'architecture brutaliste qu'il doit renfermer.

Ces précisions étant faites, continuons à distribuer les accessits :

Meilleur film qu’on s’est abstenu de voir par peur de faire descendre son réalisateur de son piédestal : Harvey Milk (Gus van Sant)

Meilleur cinéaste pour lequel on n’arrive plus à se motiver : Non, mon fils, tu n’iras pas voir le dernier Christophe Honoré.

Meilleur cinéaste qu’on n’arrive plus à suivre : The Soderbergh experience, quatre longs-métrages cette année et pas un seul que j’ai envie de voir.

Film le plus inégal, mais qui promet de nouvelles directions chez un cinéaste qui devenait prévisible : La fille du RER (André Téchiné)

Film le plus insituable (Fiction ? Documentaire ? Tourné quand ?) : Violent days (Lucile Chaufour)

Film le plus sans surprise : Limits of control (Jim Jarmusch)

Film le plus sous-estimé : La ville fantôme (David Koepp), charmante résurrection de la comédie surnaturelle.


Meilleur film que j’étais parti pour adorer et qui m’a trop déçu à l’arrivée : L’étrange histoire de Benjamin Button (David Fincher)

Meilleur film qui m'intriguait beaucoup au départ et dont il ne me reste pas grand-chose à l'arrivée : Les derniers jours du monde (Frères Larrieu)

Meilleur film qui avait tout pour m’excéder a priori et qui m’a bien ému à l’arrivée : Le père de mes enfants (Mia Hansen-Love)

Meilleur film que j'aurais aimé aimer : Bancs publics (Bruno Podalydès)

Meilleurs ( ?) films en petite forme de cinéastes qu’on a tant aimé : Etreintes brisées (Almodovar), Still walking (Kore-Eda), 24 City (Jia Zhang-Ke), Vengeance (Johnnie To).

Plus grand moment de solitude de l’année : Moi seul ronchonnant au milieu d’une salle en pleurs à la fin de Gran Torino.

Meilleure confirmation que j’ai peut-être un cœur de pierre : Oui, bon, Adventureland (Greg Mottola), c’est charmant (littéralement aim-able mais pas ador-able), mais de là à hurler au chef d’œuvre… (la dernière demi-heure est tout de même tout ce qu’il y a de prévisible, non ?)

Meilleur film que toute la critique aime sauf moi : 35 rhums (Claire Denis)

Meilleur film que tout le monde aime mais moi, mouaif : District 9 (Neil Blomkamp)

Meilleurs films que tout le monde aime et moi, ça m’embête pas de trouver ça pas mal même si c’est sûr, ça ne va pas très loin : Very bad trip (Todd Philipps) et In the loop (Armando Iannuci)

Meilleur film que personne (ou presque) n’aime sauf moi : Kinatay (Brillante Mendoza) et à un degré bien moindre Import/Export (Ulrich Seidl)

Meilleur film pour s’engueuler : Hadewijch (Bruno Dumont)

Meilleur film pour douter : A l'aventure de Jean-Claude Brisseau (s'agit-il d'un précis de sagesse érotomane ou de la meilleure résurrection du téléfilm coquin de M6, avec des coupures philo à la place des coupures pub ?)

Meilleur film pour se réconcilier : Irène (Alain Cavalier)

Meilleure résurrection de la série B (réinvestir un décor, durée ramassée, sens de l’ellipse qui n’exclut pas le plaisir de la digression) dans le film social français : Adieu Gary (Nassim Amaouche)

Meilleure caricature sympathique des années 60 : Good morning england (Richard Curtis)

Plus pénible caricature de la pseudo avant-garde des années 70 : Canine (Yorgos Lanthimos)

Meilleurs hommages aux années 80 : The wrestler (Mickey Rourke, jeux vidéos Atari et le catch, c’est un peu autre chose que Jackass sur MTV les petits gars !) ex-æquo avec
The pleasure of being robbed des frères Safdie (ou le plaisir de se retrouver en 1984, l’époque où le cinéma indépendant américain paraissait un continent si innocent).

Meilleur hommage aux années 90 : Les beaux gosses (jeux de rôles et Crados)

Meilleur hommage aux années 00 : Démineurs (ambiguïtés images réelles et virtuelles ; chaînon manquant entre série B et série télé ; adaptation de jeu vidéo qui n’existe pas encore).

Meilleur film dont on rigolera dans les années 10 : Considérant qu’il sera plus prudent d’attendre les années 20 pour se gausser sans risque d’Avatar, considérant par ailleurs qu’Antichrist est hors concours, remercions, histoire de nous faire encore quelques amis, Richard Kelly pour son indigeste Box.

Meilleur film que je rêvais de voir depuis des années et enfin, c’est fait : Médée (Lars von Trier 1982)

Plus belles pépites inconnues, (presque) invisibles découvertes cette année et dont il faudra que je parle un jour : Deux filles au tapis (Robert Aldrich 1981) et Dazed and Confused (Richard Linklater 1993).

Film le plus tranchant à l’image mais au propos assez attendu au fond : Public Enemies (Michael Mann)

Film le plus flou à l’image (à moins que ce ne soit la projection), au propos net mais aussi assez attendu : Les chats persans (Bahman Ghobadi)

Film le plus éteint à l’image comme au propos (nonobstant le très beau dernier plan) : 36 vues du Pic Saint-Loup (Jacques Rivette)

Ex-idoles de l’année : S’ennuie-t-on tellement à New York ? N’est-on jamais fatigué des « bons Américains » vieux-continentophiles ? Mon premier est un ancien combattant du punk qui a trop bon goût, filme ses vacances culturelles en Espagne avec ses amis cool. Mon second est tellement idolâtré chez nous qu’il en bâcle son retour à Manhattan, trop pressé de venir déjeuner à l’Elysée et de recruter la première dame pour son casting (certes, nous n'avons jamais vu de mauvais acteur chez lui mais ce geste sous-warholien est-il vraiment indispensable ?). Jim J. et Woody A., un peu de décence s’il vous plaît, reprenez-vous et débranchez vos pilotes automatiques, please.

Révélation critique de l'année :

En fait, Borat n'était pas une comédie (et Brüno sans doute pas plus). N'étant pas un drame non plus, c'était juste rien. Si même Allo ciné le dit, pourquoi le contredire ?

Concept critique de l’année : "La clitorisation de Madame Bovary dans l’œuvre de Ben Stiller", concept élaboré en commun et trop long à expliquer (mais cet article lève un peu le mystère).

Critique de l’année : celle-là qu'on croirait écrite par Charles Bovary, soit l'exact opposé de la fraîcheur du concept précédent.

Meilleur documentaire sur des acteurs : Funny people (Judd Apatow)

Meilleur documentaire sur une actrice et des non-acteurs : L’idiot (Pierre Léon)

Meilleur documentaire sur une chanteuse et des musiciens : Ne change rien (Pedro Costa) - sortie le 27 janvier 2010

Meilleur film qui sera sans doute meilleur en petits morceaux sur Youtube que d’une traite en salle : l'indigeste et démembré Thirst (Park Chan Wook)

Meilleur supplément DVD vu ailleurs que sur un DVD : Ce clip des Fiery Furnaces sur la genèse d’Easy Rider.


Meilleur bande-annonce involontaire : celle-là (trouvée sur le facebook de Riad Sattouf) pour La Famille Wolberg (Axelle Ropert)


Meilleur pilote de série vu au cinéma : Un prophète (Jacques Audiard)

Meilleur skyblog porté au cinéma : J’ai tué ma mère (Xavier Dolan)

Plus beau début : La partie domestique de Max et les maximonstres (Spike Jonze), alors que la suite, la partie véritablement fantastique verse davantage dans l'illustration psychanalytique de cette introduction inventive et enlevée.

Plus belle fin : Pour rester dans les monstres, la cruauté plastique des derniers plans de Barbe bleue (Catherine Breillat), ce qui me rend encore plus amer d'avoir loupé le début.

Plus beaux plans d'introduction et de conclusion se répondant dans le même film : Pour continuer sur un autre versant du conte, de la cruauté et de la psychanalyse, évoquons les splendides ouvertures et fermetures de Mother (Bong Joon Ho) - sortie le 27 janvier 2010

Meilleur film français tellement du milieu qu’à le considérer, c’est perpétuellement le verre à moitié plein ou à moitié vide : A l’origine (Xavier Gianolli)

Pires films français « de société » dont la vision d’un simple quart d’heure à la télé décourage déjà : Home (YAB) et La journée de la jupe (Jean-Paul Lilienfeld).

Meilleur film vu aux deux-tiers en 2009 et dont je me réserve le troisième tiers avec délice pour 2010 : Les 6 heures de Dieu seul me voit (version interminable) (Bruno Podalydès 1996).

Meilleur film aux deux tiers réussis, au troisième tiers fumeux et au quatrième tiers soporifique : Un Lac (Philippe Grandrieux)

Meilleur film réussi à 5% : Sur les 96 plans-séquences de Visage (Tsaï Ming Liang), c’est bien le diable s’il n’y en a pas trois ou quatre qu’on garde au chaud.

Meilleurs courts-métrages bien plus puissants que quantité de longs : Phantoms of Nabua (Apichatpong Weerasethakul) & Logorama (H5)

Meilleur sujet de court-métrage avec lequel on arrive quand même à faire un long : La fille la plus heureuse du monde (Radu Jude)

Meilleur film auquel on rajouterait, comme chaque année, une bobine : Singularités d’une jeune fille blonde (Oliveira).

Meilleur film qui pourrait durer une heure de moins ou cinq de plus, ce serait la même tambouille : Enter the void (Gaspar Noé)

Meilleure interruption intempestive qu’on aurait aimé voir quelques mois plus tôt :

« Michael, I’m really happy for you and Isabelle, let me finish but Los Bastardos (Amat Escalante) shown in Cannes 08, was the best Funny Games of all times, of all times ! »

Eh oui, Kanye, c’était à Cannes, et pas aux MTV awards, qu’il fallait monter sur scène !

Meilleure façon de se dire adieu et d'en conclure avec cet épuisement de (presque) tous les titres vus en salle cette année : En dansant les yeux dans les yeux comme la mère et la fille à la fin deFish Tank (Andrea Arnold).

Meilleure façon de ne pas se dire adieu : Penser aux réjouissances à venir en 2010 avec notamment la sortie (en-fin !) de La vie au ranch (Sophie Letourneur), comme celle du prochain Hong Sang-Soo (Like you know it all)...



... soit autant d'évènements qui auront du mal à nous faire sortir de notre bulle cinéphile, mais qui nous permettront, on l'espère, de nous retrouver, les amis.

32 commentaires:

Ludovic a dit…

Quelle liste-monstre !!

Deux-trois choses :

1) oui, pour Avananar (attention formule copyrightée) dont on rira dans quelques années, mais ce sera quand même un rire amical.
2)non, vous n'êtes pas tout seul pour Kinatay !
3)J'aime assez votre lapsus pour "Fais-moi plaisir" !
4) vous avez raison, il faut douter avec Brisseau !

Joachim a dit…

Merci Ludovic et quelques précisions.

2) Je sais que je ne suis pas seul, mais Mendoza est un cinéaste « clivant ». "Lola" sort dans quelques mois et aurait mis tout le monde d'accord à Venise, ce qui redouble encore mon attente.

3) Ah oui, quel lapsus, mais outre leur quasi-homonymie, Moullet et Mouret me paraissent partager un humour issu de la gaucherie, une raideur minimaliste de réalisation qui n'exclut pas la respiration et une oeuvre qui tire sa force de la cohérence et de la constance de ses opus faussement modestes.

4) Pour Brisseau, je suis resté à dessein dans une formulation ambigüe. Je "doute avec" autant que je "doute de". Pour être franc avec mon premier avis sur ses trois derniers films, il est toujours empreint de perplexité et dans un second temps et au prix de certains efforts, j’arrive à considérer sa démarche de cinéaste. En fait, j’ai quand même du mal avec des représentations sociales tranchées (les filles-fleurs du peuple versus les très riches inaptes aux sentiments) que je trouve toujours arbitraires et pas assez interrogées. Cela dit, je reconnais que quand bien même, l’évasion d’ « A l’aventure » ne me fait pas très envie, elle débouche sur une certaine sérénité.

asketoner a dit…

et le Medea, vous l'avez aimé ? vous avez écrit quelque chose dessus et je l'ai raté ou bien rien ?
l'avoir découvert il y a dix ans (à peu près) fut pour moi un choc
j'aime sa sècheresse

vincent a dit…

C'est une bien belle bulle cinéphile que tu nous offres là, Joachim. Pour ce que j'en ai vu, nous partageons Suleiman, Tarantino et Bellocchio et le même hommage à Mouret. C'est déjà pas mal, tu me diras si c'est cinéphiliquement compatible :)
Deux points de friction, Eastwood dans un sens et Aronofsky dans l'autre. et puis je vois qu'il te reste quand même des choses à découvrir sur cette riche année 2009.
Bonne année à toi et ta famille. On se voit à Clermont ?

Dr Orlof a dit…

Excellent palmarès (as usual!). Je pourrais chipoter sur certains points (en preux chevalier de la geste allenienne) mais je te pardonne tout pour avoir été mon seul soutien lorsqu'a déferlé le raz-de-marée Clint!
Ceci dit, je te trouve quand même un peu sévère avec le Jarmusch. Pour ma part, je n'ai pas été totalement emballé mais, à l'intérieur de son système, je trouve ce film beaucoup moins convenu et beaucoup plus audacieux qu'un film comme "Vincere".
Certes, je reconnais les qualités du film de Bellocchio mais il y a quelque chose d'un peu monumental, d'un peu convenu qui me le font beaucoup moins chérir que le très sous-estimé "le metteur en scène de mariage".
Sur ce, je te souhaite une excellente année à toi et à tes proches et peut-être que nous aurons l'occasion de nous voir à nouveau si je passe un de ces jours à Paris...

Ed(isdead) a dit…

Quel imposant bilan ! Il faudrait l'après-midi pour tout commenter...

Un seul détail, donc (puisque tu sais maintenant que pour Import Export, comme pour Kinatay, tu n'es pas complètement esseulé) : je crois que nous avons le même ressenti face aux Chats persans. Le film est intéressant mais a du mal à dépasser le stade du constat, la musique n'est pas très bien servie par l'image et le message se fait encombrant. Et effectivement, c'est souvent flou.

Bonne année (au cas où, parce que, euh..., je sais plus trop où j'en suis avec tout le monde dans les vœux :-))

FredMJG a dit…

Hello Joachim !
C'est à cause d'Ed que je suis passée par là (il m'en dira des nouvelles...)
Je relirais tout ceci à tête un peu plus reposée mais j'ai apprécié la revue, même si parfois je ne suis point d'accord (35 rhumes, par exemple) ou si je veux bien reconnaître que dans Un prophète, la musique m'a souvent fait penser à Oz pour nommer une série déjà existante. Par contre, pour Brillante (quel prénom nom d'un cinéaste !) Mendoza, je fais partie de ceux qui ont repoussé leurs congés pour profiter de la rétrospective du festival de paris il y a deux années de ça, c'est dire donc comme j'attends toujours ses nouveaux opus avec fébrilité...
Quant au super cinéphile critique de Yann Moix, il renvoie l'ascenseur non ? Il me semble bien que le grand écrivain qui, croisons les doigts, a trouvé pour la dernière fois un mécène prêt à produire ses éructations, avait défendu Le jour et la nuit de son illustre ainé...
PS. The limits of control m'a fait beaucoup rire (et pas involontairement)... ce serait mon moment de solitude à moi si je n'avais pas été aussi occupée à me remémorer de bons souvenirs cinématographiques.
A bientôt

FredMJG a dit…

Ah ! encore moi ! je suis revenue vite fait parce qu'il me semblait bien qu'il manquait quelque chose...
Où est ADORATION d'Atom ?!?!
PS. Non seulement j'ai vu Barbe bleue en son entier, mais plusieurs fois de suite... Et hop !

eva a dit…

Bon bilan avec des catégories originales, droles, mais utiles pour nos prochaines séances cinéma.

Nous sommes des élèves de deuxième année de licence cinéma de bordeaux. Venez voir notre blog, vous etes parmis nos favoris!

A bientot!

Kaherk a dit…

Le post infini de l'année, top délirant, série HBO haletante et auto-contenue, petit miracle annuel, est à nouveau de retour.

Joachim, je suis fan.

Il faudra m'expliquer pour Kinatay, par contre, parce que lui, on en rira dans quelques années !

Ah la famille Wolberg, ça m'a bien fait rire cette sublime bande-annonce.

Joachim a dit…

Merci les amis. Je trouve enfin le temps de répondre à vos messages.

Asketoner
J'ai vu le Médée de LVT en juin, ce qui m'a permis d'oublier Antichrist. J'avais entendu parler du film il y a une dizaine d'années et son projet même (oser reprendre une adaptation de Dreyer pour la télé danoise) m'avait toujours intrigué. Non, je n'ai rien écrit dessus (et il fait partie des nombreux films sur lesquels je devrais pourtant si j'avais plus de rigueur...). C'est en effet un jalon important chez LVT qui annonce son travail sur la théâtralité de Dogville, mais en moins solennel. De plus, son travail sur l'image (paint-boxée si j'ai bien compris, sorte de flou bariolé pré-numérique assez étrange) donne à cette dernière un aspect fantômatique et atténué, renforçant la dimension spectrale du film (et son imposant travail sur les ombres et les reflets). En fait, j'aime l'hybridité du film alors que les autres titres de LVT s'annoncent souvent dans la pureté de leur concept (ce qui n'empêche pas certains opus d'être grands).

Vincent

The wrestler, je ne peux pas dire que je l'aime totalement, mais il y a quand même des grands moments qui restent malgré tout. Dans ma mémoire, il fonctionne un peu comme les Funny people d'Apatow: du mal à tenir la longueur, mais sur les courtes distances, une force et une sincérité indéniable. Et j'aime comment ces deux films intègrent les corps, les passés et la part d'échec et d'amertume de leurs acteurs principaux (Rourke et Sandler).

Pour Clermont, peut-être(en général, c'est un an sur deux, cette année devrait donc être la bonne, mais je vais voir avec mes diverses obligations...)

Doc

Je suis conscient de ma sévérité envers Allen et Jarmusch, mais c'est aussi parce que je les ai tellement adorés que la déception est parfois brutale. Cela dit, ces déconvenues renforcent l'envie de voir les suivants, car la réconciliation est toujours un sentiment plaisant.

Sur Bellochio, je m'étais un peu perdu dans "Le metteur en scène de mariages" mais je suis toujours aussi impressionné par ses fictions politiques (même si Bungiorno notte reste un cran au-dessus de Vincere). Au crédit de son dernier film, je trouve tout de même très fort de réussir à aborder le totalitarisme comme une construction mentale délirante (ce en quoi le prolongement vers la folie, l'enfermement, la psychiatrie me paraît tout à fait naturel) et ne pas "se contenter" d'expliquer sa venue uniquement par un contexte socio-économique. C'est une approche intérieure et intellectuelle que je trouve toujours plus excitante que celle, strictement factuelle et assez extérieure qui semble d'habitude réservée au "film historique" (quand bien même il y a évidemment quantité d'exceptions).

Ed

Je pense venir commenter ta note sur les Chats persans, mais c'est vrai que face à ce type de film (document branché -aux deux sens du terme- sur l'urgence de l'actualité), on inverse peut-être l'ordre de nos exigences. La première question que l'on pose à un film, c'est celle de sa nécessité. Ici, elle ne fait pas de doute, mais elle se suffit un peu trop à elle-même. Medium = message = film. On aimerait qu'un peu de forme prenne le relais ou nous surprenne davantage par rapport au message.

Joachim a dit…

Je continue parce qu'il n'y a plus de place :

Fred MJG

Je vois que Mendoza a des admirateurs. Pour ma part, j'avais été très séduit par "Foster Child aka John John", plutôt refroidi par Serbis et ré-électrisé par Kinatay. J'attends donc la suite avec impatience.

Sur le Prophète, l'imprégnation série me paraît évidente dans la caractérisation des personnages (on a l'impression qu'on pourrait refaire un film sur chacun d'eux) et je sens bien un devenir-saga à l'instar du Parrain (c'est-à-dire des suites mais pas tout de suite). "Dans quinze ans, l'arrivée d'un nouveau caïd dans la cité, qui ose défier Malik. La confrontation avec de nouvelles moeurs criminelles"... Audiard est malin. Il a titré "Un prophète" et pas "Le Prophète", ce qui rend plus naturel les suites : "Deux prophètes", "Trois prophètes", etc... Ce film s'annonce, peut-être, pour la première fois dans le cinéma français récent, comme une vraie franchise déclinable à l'envie (même si la franchise, ou disons plutôt, pour le coup, la nécessité, c'est un peu ce qui lui manque, au-delà de son indéniable brio).

Sinon, Adoration, vu à Cannes 2008. Pas beaucoup de souvenirs en fait, et Egoyan ne m'a jamais excité (trop emberlificoté et empesé, à mon goût) en dépit de son indéniable talent plastique (mais que je trouve déjà daté) ou de l'émotion des "Beaux lendemains". Désolé de finir sur ce point de désaccord... mais par ailleurs, j'ai apprécié l'originalité de votre top de la décennie.

Eva

Welcome ! Heureux de vous faire sourire et de vous être utiles. Je vous (et à nous aussi) souhaite de nombreuses et riches découvertes durant vos années d'étude (et les années suivantes aussi) ;-) Le meilleur pour vos travaux, quoi qu'il en soit !

Kaherk

Merci l’ami pour tes éloges répétés !

Pour Kinatay, ça ne s’explique pas, ça se ressent. Trêve de plaisanterie, dans le dernier numéro des Cahiers, il y a une petite chronique sur le DVD de Tirador par notre ami JS Chauvin et il dit quelque chose de très juste : dans les films de Mendoza, on est toujours en marche, on ne se fixe pas, on ne médite pas sur une condition. Je crois que c’est cet art de la volée qui me fait l’apprécier. Sinon, au moment de Cannes, j’avais écrit un petit truc dessus (le post s’appelle « le corps absent » dans les archives du mois de mai).

Sinon, pour la famille Wolberg, je n’ai aucun mérite. Ce petit clin d’œil était sur le FB de Riad Sattouf qui, par ailleurs, aime beaucoup le film. Bon, comme toujours sur FB, je me suis approprié qqc qui n’était pas de moi ni pour moi, mais bon, je crois que c’est fait un peu pour ça, aussi…

Père Delauche a dit…

A peu près d'accord avec l'ensemble des "distinctions" à chaque film. Quelques remarques (déplacées), cependant :

1- On pouvait aussi voir le film - plutôt faible (selon moi) - de Gus van Sant (Harvey Milk) pour son interprète principal...

2- Personnellement, je crois que si j'avais eu l'idée (ingénieuse) de cette très bonne sélection de joueurs de l'équipe de foot, j'aurais eu la "faiblesse" de mettre Eastwood à la place... de l'entraîneur :-DDD

3- District 9 (Neil Blomkamp). Là, vous faites vraiment le difficile :-]

4- "[remercions, histoire de nous faire encore quelques amis] Richard Kelly pour son indigeste Box." Je n'irais pas jusqu'à "indigeste", mais - c'est dans le film - "The Box" is... empty :-]

5- Je n'ai pas aimé le Public Enemies, de Michael Mann. Mais, effectivement, je crois qu'il pose un problème... d'"image" : ses personnages ne sont plus que des "images", qui ne voient le monde que par "images" (se faire un nom du côté des "bons", du côté des "méchants", emballer LA fille (qui au passage est interprété par une starlette internationale), la projection dans la salle de cinéma...).

6- Un prophète, de Jacques Audiard. Oh, non, par pitié : pas de série !!!

7- A l’origine, de Xavier Gianolli ? Bah, buvons le verre, alors ; et regardons ce qu'il reste :-D

8- Pour Oliveira, faisons simple : comme les derniers films sont courts, ajoutons carrément un film à chaque fois :-D On ne verra même pas le temps passer !

9- Révélation "critique" de cette année (tous supports confondus) : Joachim Lepastier :-DDD

Meilleurs voeux ; et très bonne continuation...

Joachim a dit…

Oh merci Père Delauche, c'est trop flatteur !!! Cela dit, à mon tour de vous encourager, connaissant la qualité de vos interventions dans les commentaires que je lis ici ou là, à sauter le pas et à ouvrir votre blog pour la nouvelle année... Plus on est de fous...

Sinon, Eastwood entraîneur, maintenant que vous le dites, ça en devient presque une évidence. Même si certains de ses films m'ont déçu, je lui reconnais nombre de qualités propres au coach: l'autorité naturelle, le respect qu'il inspire aux plus jeunes, le sens du timing, l'idée qu'un film -ou un match- n'est jamais totalement perdu ou gagné jusqu'à la toute dernière seconde. Et puis, j'aimerais voir ses engueulades de vestiaire avec Tarantino, "coupable" d'avoir réinterprété ses consignes de jeu.

Sur District 9, je reconnais l'originalité (et beaucoup de choses qui me plaisent dans la mise en place, en gros jusqu'à la formidable séquence du test des armes) mais ensuite, j'ai du mal avec la deuxième partie, le buddy movie avec un alien, l'esprit potache qui ne colle pas toujours... Pour ma part, c'est le film dont j'ai le plus entendu parler autour de moi, surtout de la part d'amis qui n'ont plus toujours le temps d'aller au cinéma. Mais je crois que c'est l'année où je me suis vraiment rendu compte que moi et la SF, ça ne collait plus: je suis vraiment resté complètement extérieur au Kelly comme à Moon (Duncan Jones, sortie au printemps) autour duquel le buzz sera sans doute important.

Sinon, j'ai plutôt bien aimé le Mann, mais nous partageons la même analyse. La scène dans le commissariat a une beauté indéniable, mais elle me paraît aussi très artificielle, contenant déjà son propre discours. (En revanche, la première scène dans le cinéma, avec les lumières qui se rallument, me paraît à la fois plus surprenante, plus simple et plus plausible). Cela dit, esprit pervers ou pas, j'ai toujours envie de découvrir "Miami vice" et "Southland Tales", sans doute pour voir ce qui a échappé à leurs créateurs.

Meilleurs voeux, à vous, à votre esprit de répartie et sans doute à très bientôt.

D&D a dit…

Bonsoir Joachim,

J'ai enfin pu prendre le temps de lire ton bilan 2009, ce soir, et comme les années précédentes, c'est une pure joie !
Bref, au plaisir de lire 2010 en tes pages, au fil des images déjà, 2010 que je te souhaite, bien sûr, complice dans tout ce qui te tient à coeur et/ou ce que tu entreprends.

Joachim a dit…

Tous mes voeux, en retour, cher ami et au plaisir de se croiser prochainement...

Père Delauche a dit…

Bonjour Joachim,

Quelques réparties autour de votre réponse à mon comm :

"Cela dit, à mon tour de vous encourager [...] à sauter le pas et à ouvrir votre blog pour la nouvelle année..."
- Merci du compliment [gloups, quand même : Joachim... "JL"... les Cahiers !!! :-] mais, je vous arrête tout de suite ; car, a priori, c'est niet : je sais qu'on m'attend plus ou moins au tournant :-] au sujet d'un blog... Et, j'ai plutôt en tête de faire quelque chose de plus... « conséquent », dont éventuellement j'aimerais vous toucher deux mots. Bon, je sais que vous êtes très accaparé en ce moment [et, je crois même tout le temps :-] Donc, ce ne sera pas facile... d'autant moins (facile) que je n'ai pas trouvé votre adresse-mail ici ! ['faut dire que je ne suis pas doué :-] Comme je ne sais pas trop comment vous communiquer la mienne, je crois que je pourrais solliciter notre cher Ed(isdead) - qui nous surveille de près :-] et s'il veut bien accepter de jouer, au moins pour cette première fois, les entre-metteurs (en scène ?).
Et puis, "je ne suis pas fou, vous savez" :-]

"[sur Eastwood] : j'aimerais voir ses engueulades de vestiaire avec Tarantino".
- Je me demande si on a des "traces" des prises de becs entre Eastwood et Spike Lee ?

"Sur District 9 [...], j'ai du mal avec la deuxième partie, le buddy movie avec un alien..."
- J'avoue avoir eu à peu près la même impression à la vision du film. Mais, en en parlant avec un "déviant" de mon entourage (bisseux... et zédard, par dessus le marché), qui lui, au contraire, a beaucoup apprécié cette partie, je me suis aperçu que c'était plus ou moins un hommage (ou une synthèse) du genre ; pour le coup, très réussie. Je ne cesse de répéter que ce film est aussi important qu'Alien (de Ridley Scott) en son temps...

"[...] c'est l'année où je me suis vraiment rendu compte que moi et la SF, ça ne collait plus"
- Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment ça... Il m'est avis que c'est ce que les demi-habiles font du genre (il n'y a maintenant pratiquement plus que ça !!!), qui fait que ça ne colle plus. Le genre - et particulièrement celui-ci - n'est pas en cause. Si on regarde les westerns d'aujourd'hui, on arrive à peu près au même constat...

"Sinon, j'ai plutôt bien aimé le Mann [...]"
- Disons que l' "acclamation critique" autour du dernier m'a paru totalement démesurée. Du reste, comme sa "cote" actuelle. Le cinéaste (euh, "de télévision" :-) est estimable, mais quand on voit l'ensemble de ses films, c'est limite "léger" (forme, et surtout... discours !). "Miami vice" a d'indéniables qualités, et se laisse regarder...

A bientôt... par mails ?

Joachim a dit…

A bientôt, en effet. Pour rebondir à mon tour sur vos réponses, je dirais que les "engueulades" que j'imaginais entre Tarantino et Eastwood s'apparentaient davantage à des "disputes" (au sens latin du terme) entre stylistes (« classicisme » versus « déconstruction »), plutôt qu'à des controverses politiques (Eastwood / Michael Moore suite à « Bowling for Columbine » ou Eastwood / Spike Lee suite aux « Mémoires de nos pères »), querelles, somme toute, artificielles et qui ne me paraissent pas franchement captivantes.

Sur District 9, oui, peut-être… Je le reverrais (et le réévaluerais) peut-être un jour, mais le film n’est-il pas déjà trop marqué par l’époque pour devenir aussi atemporel qu’Alien ?

Sur Michael Mann, aussi l’impression d’une « surestimation critique » au global. Il n’empêche que « Révélations » ou « Collateral » me paraissent plus riches que de prime abord. J’aime quand leurs fragments contredisent le « control freak-isme » du réalisateur. C’est pour cela que Miami Vice m’attire.

A bientôt pour de futurs échanges. N’hésitez pas à me contacter par mail : lepastierjoachim[at]hotmail[point]com

Unknown a dit…

Oh non, Joachim, pas vous, une personne si fine, vous n'êtes pas tombé dans le piège "vincere", un trés mauvais film de Bruttochio qui ne vaut que pour ses images d'archives, et qui ne tient que parce qu'il correspond à l'image phantasmée que les français ont de l'Italie (pays d'art, de culture...). Toutes les personnes qui en parlent donnent l'impression de réciter le dernier Télérama! Le top de la pitié, la scène de l'arbre à filet dans l'asile de San Clemente (Un lieu plutot sympa à l'herbe bien taillé pour Bellochio qui n'est pas celui qu'a vu Depardon) et le decryptage du fascisme par le psy, bientot à paraitre dans la collection "la resistance pour les nuls". Bon 2010, sans ces "impairs" ;-). Allez donc voir le Van Groeningen pour laver vos péchés !!!!

Ska a dit…

Décidément, l'un des plus beaux bilans ciné 2009, le plus original et le plus drôle en tout cas...

Sur Van Sant, dès lors que l'on se soubvient qu'il fut un cinéaste hollywoodien "classique" avant Gerry (Will Hunting, Forrester, To Die For), il n'y a pas lieu d'être désagréablement surpris par Milk... :-)

Je serai moins indulgent sur Les Chats persans qui fut mon grand déplaisir de cette fin d'année. Nullité absolue du traitement, roublardise, refus de choisir un type de musique, incapacité à filmer autre choses sur les scènes musicales que des clips profondément démodés, absence de récit manifeste que l'on rattrape dans un final artificiellement mélodramatique...

Quant à Avatar, oh non, ne surtout pas attendre 10 ans de plus pour s'en moquer ! Moi, j'ai déjà commencé, et c'est - là, très objectivement - une grande interrogation pour moi que de constater comme certains critiques par ailleurs appréciés le défendent...

le corbeau a dit…

[si tout s'est bien passé, vous venez de recevoir un mail ;-]

Joachim a dit…

5000 K (c'est l'équivalent de Farenheit 451, ça ? ;-)

Oui, bon, la vision "Télérama" de Bellochio, je vois à peu près ce que vous voulez dire, mais bon, ce n'est pas ça qui affaiblirait le film pour moi. L'ayant vu, en même temps que Le ruban blanc, je persiste à penser qu'il en serait une sorte de "double" aussi monumental, mais beaucoup plus ouvert dans son sens. Qui plus est, j'ai l'impression que le mélodrame est un genre qui suscite facilement le rejet, ce qui explique qu'on puisse trouver le film outré.
Quant à cette "merditude", malgré le bien que j'ai pu en lire ou entendre ici ou là, le cocktail "vérisme + grolandisme" n'est pas celui qui m'attire le plus... Bon, espérons que malgré ces désaccords, vous trouverez toujours plaisir à venir par ici et à échanger dans les commentaires.

Ska

Merci aussi des compliments. Pour la veine "classique" de GVS, elle ne m'a jamais trop impressionnée, à vrai dire. Si le choc "Gerry" (vu avant sa sortie) a été aussi grand, c'est que le dernier Gus van Sant que j'avais vu (bien jeune) était "My own private Idaho" bien jeune et dont le souvenir était déjà lointain.

Sur "Les chats persans", je serais quand même un poil moins sévère, même si je ne mets pas le film très haut. Certes, il y a quelque chose d'un espéranto du cinéma et de la musique là-dedans,(comparable au film de Fatih Akin sur les sons d'Istanbul, agréable mais superficiel, qui élude l'investissement personnel tant du cinéaste que des musiciens. Cependant, la force du contexte laisse tout de même quelques scènes en mémoire, mais davantage liées à la parole qu'à la musique (les négociations pour le passeport, l'interrogatoire au commissariat).

Quant à Avatar, oui, j'ai pensé la même chose à la lecture de certaines critiques. Et les arguments ne me paraissent pas toujours dépasser la simple fascination devant la démesure du projet. Peur de louper LE dernier train, de ne pas être témoin de LA mutation ? Etrange d'autant plus que le film me paraît davantage jouer le ramasse-miettes des images et des discours sur la mutation, l'hybridation (entendus au passage depuis plus de 10 ans) qu'ouvrir une nouvelle ère pour les 10, 20 ans à venir.

Corbeau.
Bien reçu.

Ed(isdead) a dit…

C'est bon les deux amis, vous vous êtes échangé vos mails ? pas besoin de mes services ? (Joachim, essayes de ne pas trop l'accaparer, il a un petit truc sur le feu qu'il doit publier par chez moi, rapport à une certaine revue de cinéma, la suite d'une collaboration entamée il y a quelques mois...) :-)

A part ça, le croisement foot/cinéma, c'est toujours aussi jouissif.
Quelques apports, après la brillante trouvaille du Père D. (Eastwood entraîneur) :

Dans le rôle de l'ancien champion du monde 98, sollicité pour intégrer le staff afin de retrouver un état d'esprit de gagneurs et faire bloc (comme dans le Dogme) : Thomas Vinterberg.

Dans le rôle de l'arbitre inflexible, tatillon, sifflant toutes les fautes au risque de hacher totalement le jeu (ce qui peut servir contre des Anglais) et faisant la morale à tout le monde : Michael Haneke

Aux commentaires, comme au bon vieux temps de Thierry et Jean-Michel : Alain Riou (chauvin et un peu dépassé) et Michel Ciment (toujours les mêmes formules mais un regard de connaisseur parfois pertinent)

Et sur le bord du terrain, celui qui ne sert à rien d'autre qu'à poser deux questions-bateau à la fin du match : Laurent Weil

Bon match !

Ska a dit…

Joachim, j'avais aussi vu Gerry bien avant sa sortie française, au Festival de Locarno... Un choc... Je n'en attentendais rien, n'en savais rien, je n'avais même pas vu alors les films les plus hollywoodiens de GVS (à part To Die For), même pas vu Psycho. J'étais resté sur Drugstore Cowboy et My Own Private Idaho. C'est après que j'ai enfin vu Will Hunting et Psycho. Gerry fut pour moi, le plus grand film de la décennie qui vient de s'achever... Du coup, Elephant, découvert après, alors que j'attendais toujours que Gerry sorte enfin en salles, ne fut pas du tout la révélation qu'il fut pour beaucoup...

Joachim a dit…

Ed

Au risque de la blague de mauvais goût, Vinterberg et Zonca, ce sont un peu les Guivarc'h et Diomède du ciné : beaucoup de mal à se remettre de leur soudaine consécration de 98. Mais bon, les carrières de cinéastes pouvant être plus longues et surprenantes que celles de footballeurs, un retour n'est pas impossible.
Pour le reste, pas faux, mais nous entrons là dans les à-côtés du jeu... ;-)
A ce propos, j'ai lu que l'arbitre de Chelsea-Barcelone (demi-finale de la Champion's League) avait arrêté sa carrière, pris de remords et était rentré dans un monastère luthérien (lien sur mon nom). Si c'est pas un parcours à la Bresson, ça !

Ska
J'avais aussi découvert "Gerry" en octobre 2002 au Forum des Images, pas très longtemps avoir vu son pénible "Psycho". Là aussi, j'ai eu une révélation en me disant qu'il ne fallait jamais enterrer un cinéaste. Pour autant, le choc d'Elephant, un an plus tard, n'en a pas été diminué, puisqu'il ne me paraissait pas du tout évident que ce système formel, aussi puissant soit-il, puisse s'accommoder d'un contenu plus socio-politique que la simple dérive psycho-géographique.

Griffe a dit…

Dans le genre sentimentaliste, Adventureland est quand même infiniment supérieur à Max et les Maxistreums, non ?

Joachim a dit…

C'est possible, mais ces deux films me charment beaucoup dans leur mise en place avant de retomber (un peu trop logiquement) sur leurs pattes...

5000.kelvins a dit…

@Joachim
Quant à cette "merditude", malgré le bien que j'ai pu en lire ou entendre ici ou là, le cocktail "vérisme + grolandisme" n'est pas celui qui m'attire le plus...

"verisme+groland", ça c'est ce que laisse croire la promo en france, entièrement basé sur le motto "quels gros déconneurs ces belges ils sont vraiment trop fous"

Joachim a dit…

Oui. Mes excuses. Je me suis rendu compte après avoir écrit ce commentaire qu'il se basait aussi sur "une image fantasmée de la Belgique" comme vous reprochiez tout autant à Vincere son "image fantasmée de l'Italie". Bon, pour ma part, je n'ai pas vu cette image-là dans le Bellochio donc peut-être n'en verrai(s)-je pas plus dans cette merditude, si un jour, je trouve le temps et l'envie d'y aller. Bien à vous...

5000.kelvins a dit…

on est souvent manipulé par ses fantasmes, que voulez-vous. Laissons tomber Perdere (il tempo), pardon, Vincere, j'aurais besoin de vos lumières sur un détail de Tetro, un bon film au demeurant. J'ai été surpris par la quasi absence de générique de fin. C'est grave docteur (qu'il n'y est pas de générique, pas que je sois surpris).

Bien à vous

Joachim a dit…

Je n'ai pas de réponse fiable, mais je me souviens d'une interview au moment de la sortie de "L'homme sans âge" où Coppola se plaignait de la longueur des génériques et s'était donc donné comme contrainte de tout condenser en quatre cartons au début, pour surtout pouvoir finir sur un magnifique "The end" comme on n'en faisait plus. Cela dit, je ne me souviens déjà plus si c'est également le cas dans "Tetro".

Pascale a dit…

J'ai bien rigolé de voir ENCORE ! Vincere et Démineurs dans un top. c'est sans doute ce que j'avais vu de pire. A quoi tu carbures parfois, je me demande !

Et qu'est-ce qu'il t'a fait MON Clint, je pourrais savoir ?