vendredi 27 février 2009

Bon alors, à la fin...

... Eastwood, il est républicain primaire ou démocrate nuancé ?

Attention, liens remplis de spoilers (ça tombe bien pour ceux qui comme moi n'ont pas encore vu le film), mais qui me paraissent bien déblayer le paquet de contradictions de l'homme et du cinéaste.

Bon... Eh bien, depuis je l'ai vu... et comment dire... pas trop enthousiaste en fait. J'essaierai d'y revenir...

Sinon, pour en revenir aux articles, celui de Sylvie Laurent est effectivement très riche, mais je ne suis pas sûr qu'il parle réellement du film, plutôt de son background, son arrière-plan socio-historique que l'on peut sans doute retrouver dans d'autres exemples. Il me semble que l'on pourrait écrire des analyses comparables et tout aussi intéressantes sur chacun des Rocky ou 8 Miles, pas sûr que ça rendrait les films plus riches. Quant à la charge de JB Morain, eh, eh, je ne peux pas dire que je sois en total désaccord non plus (notament sur le regard porté sur la génération des fils).

mercredi 25 février 2009

Akerman rocks


Pas très courtois, a priori, de coller Boredom (Buzzcocks 1975) sur les images de Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (Chantal Akerman 1975). Blague de potache stigmatisant l'ennui de ces plans-séquences du quotidien ? Lyrics too explicit ("So I'm living in this movie, but it doesn't move me...") ? Exacerbation de l'un de ces boring moments, voire boring couples chers à Martin Parr ? Peut-être un peu de tout ça à première vue, mais ce n'est sans doute pas le plus important. Retenons, au final, l'hypothèse positive : la résonnance entre la rage de l'hymne étriqué et celle révélant la scénographie aliénante du quotidien. Si la musique vient se poser aussi tranquillement sur les images, c'est aussi parce qu'elle y a trouvé une connivence paradoxale : elle était prête à tout foutre en l'air et quelque part se trouve, à son propre étonnement, comme chez elle. Voilà, sous leur dehors impassible, des images qui prennent le temps d'accueillir la colère. La même année, une cinéaste produisait un film de 201 minutes et un groupe une chanson de moins de 180 secondes. Désormais permis de voir une violence voisine dans ces deux gestes, ici réunis par la grâce d'un montage (sans doute un paquet d'autres du même accabit à découvrir dans le laboratoire).

Lynch rocks

La reprise de la reprise : Dieu que cette comptine est douce (Pixies 2004)



La reprise : Dieu que ce cri est flippant ! (Pixies 1988)



L'original : Dieu que ce chant est doux et flippant, à la fois ! (David Lynch 1977)



Et puisqu'on est dans les Pixies, cet autre cocktail rock + flingues (soit la même recette que Tarantino mais pour un autre résultat).

lundi 23 février 2009

Si à 50 ans....

... on n'a pas une Rolex, c'est qu'on a raté sa vie."
(phrase culte de Jacques Séguéla, publicitaire de Tonton, le 13 février 2009)

... on n'a toujours qu'un Solex, c'est qu'on est un génie."
(Jacques Tati, cinéaste de Mon onclefestivités à venir au printemps, pour son "centenaire" - il aurait 102 ans aujourd'hui - ou plutôt selon l'échelle séguélienne, son "bi-rolexaire").

Du coup, je constate qu'il n'y a qu'un an d'écart entre Tati et Oliveira, ce qui me laisse encore plus rêveur...

dimanche 22 février 2009

Du bon usage de la mauvaise humeur

Sortis la même année (1985), avec des stars nationales aux génériques (Johnny à ma gauche, Gérard à ma droite) et des producteurs importants à la supervision (Sarde pour l'un, Toscan pour l'autre), Police (Maurice Pialat) et Détective (Jean-Luc Godard) sont souvent présentés comme deux fims "faux jumeaux", se challengeant réciproquement sur le terrain du "polar à la française revisité par un auteur irréductible", affiche réhaussée par la supposée jalousie réciproque de chacun de ces deux cinéastes. Comme souvent pour tous les "combats du siècle", pas sûr que le résultat soit à la hauteur. Sur Police, mes souvenirs sont trop flous et je n'ai pas vu Détective. Quoi qu'il en soit, pas l'impression que ces deux titres figurent parmi ceux auxquels on pense immédiatement à propos de leurs auteurs (quoique cette bande-annonce du mérite la postérité).

Il est un autre point commun de ces deux films : le proverbial temps de chien qui semblait y régner sur les plateaux, tel que témoigné par ces deux "makings-of" de l'émission (et désormais somptueux coffret DVD) Cinéma-Cinémas.

Avis de tempête chez Godard :



Crachin persistant chez Pialat (première partie) :


A première vue, mêmes techniciens renvoyés dans leurs cordes (Bruno Nuytten, le chef op chez Godard, la scripte chez Pialat), même irritation de petit chef de service chez les deux réalisateurs ("devrait pas prendre cinq minutes, un plan comme ça normalement"). Mais la même chose, vraiment ? 

Remarquons déjà que les deux séquences, de format à peu près semblables, ne se concentrent pas du tout sur la même durée. Celle de Godard est un plan séquence de voyeur planqué au fond du plateau prenant sur le vif les minutes avant la prise et s'arrête au tout premier "moteur": la prise y apparaît comme une salutaire accalmie (voir le film pour savoir ce que ça vaut Johnny déclamant en ombre chinoise). Au contraire, chez Pialat, le ressassement des prises participe de la tension globale et l'apparent ratage des toutes premières ne fait rien pour améliorer l'ambiance.

Autre précision et non des moindres. Comme indiqué dans cette interview, les images de Godard n'ont pas été tournées (mais simplement "récupérées") par l'équipe de "Cinéma Cinémas" et sont tout de même livrées hors contexte. De fait, l'enguelade entre Godard et Nuytten concerne assez peu le processus du film en train de se tourner. Cette petite "leçon"provocatrice et paradoxale ne reste qu'un moment de cruauté assez gratuit,  surtout un duel assez inéquitable qui oblige le reste de l'équipe à attendre que ça se passe. Vues à l'époque, ce devait être mes premières images de "Godard au travail". Evidemment, ça m'avait impressionné, mais c'est tout. Ces images voudraient-elles faire croire que "le maître a besoin du chaos pour faire naître l'harmonie", mais elles sont une profonde duperie. Assez voisines, en fait dans leur essence, des frasques du Gainsbourg de la même époque : aptes à construire une légende médiatique mais assez peu en rapport avec les oeuvres, sans doute aussi jetées en leurre ou en pâture par des artistes pas dupes de leur propre folklore, et finalement beaucoup plus secrets et moins poseurs qu'ils n'y paraissent dès lors qu'il s'agit d'évoquer leurs réels processus de création.

Après dissipation des brumes matinales (deuxième partie) :


Le "Pialat au travail" paraît d'une autre honnêteté, en tous cas nettement plus tourné vers le film en train de se faire. Il y a pourtant, au départ, le sentiment "qu'on n'y arrivera jamais" et même que tant d'énervement ne génère que de la dispersion, au risque que chaque prise soit moins bonne que la précédente. Et puis, je ne sais pas pourquoi, ni comment, ni à quel moment précisément, j'ai vraiment le sentiment que ce reportage capte une cohésion d'équipe en train de se cristalliser (manifeste dans les très beaux plans, au début de la seconde partie, où Pialat regarde la scène au milieu de la petite mêlée des techniciens). Et puis, simplement aussi, l'incroyable relais que trouve Pialat avec Depardieu, équilibriste de la déconne et de la concentration, devenant surtout "metteur en scène délégué auprès de sa partenaire non professionnelle". Une confiance gagnée pas à pas, contre le courant du labeur fastidieux des répétitions et des "mises en places", c'est au fond réellement ce que transmet ce reportage.

Evidemment périlleux de tirer des généralités sur les films, leurs auteurs et leurs méthodes à partir de témoignages tout de même si partiels (je me souviens de Pialat, Depardieu et Bonnaire le soir de la Palme d'Or sifflée, affirmer au JT d'Antenne 2 : "Gérard et Sandrine pourront vous confirmer que c'est pas du tout comme ça qu'on travaille" suite à une autre incursion de Cinéma Cinémas sur le plateau "satanique") Ces ego-trips ambigus sont-ils le dommage collatéral de la politique des auteurs ? Au final, ne posent-ils pas carrément la question qui tue : "le cinéma est-il un sport individuel ou collectif" ? Tentant de reprendre Godard sur le terrain de la métaphore sportive, dont il est si friand.

A trop la jouer perso, Godard s'enferre dans un ping-pong verbal tout de même vain (ce qui n'empêcherait absolument pas la séquence et partant le film d'avoir ses qualités) tandis que Pialat construit la cohésion d'une équipe. Détective, le lonesome cow-boy, versus Police, les hommes derrière le sale boulot de la machine administrative.  Tout n'était-il pas déjà inscrit dans les titres ?

mercredi 18 février 2009

Tellement de films qui sortent...

... que chaque semaine ou presque, on peut s'amuser avec des collages, charades, devinettes rien qu'en accolant bouts de titres ou d'affiches.

Ainsi, ce mercredi...
mais vraiment impossible de me souvenir si c'est ...
ou bien

Référendum, mes chers lecteurs : continuer ou arrêter avec ces blagues dont je ne peux pas m'empêcher mais qui me collent à moitié la honte, à chaque fois ?

mardi 17 février 2009

Nos retrouvailles

VIEILLIR (1)

... Benjamin Button (David Fincher 2009), c'est vraiment la version spielbergienne (celui des mauvais jours) du court-métrage Le droit chemin (Mathias Gokalp 2004 - à défaut de le voir, on pourra en lire le scénario), qui en quinze fois moins de temps et de moyens en disait nettement plus, et de manière autrement plus inventive, sur le désir que sa vie "aille dans l'autre sens". (Je me demande d'ailleurs si le film "à chronologie inverse" n'est pas à mettre en tête du top des fausses bonnes idées au cinéma, ce court étant l'exception qui...). 

Certes, quelques moments émouvants (bien le moins pour une telle durée) mais qui ont tout de même du mal à peser face à tant de vitrification. Moment tout de même assez touchant, quoiqu'assez surligné (mais tout le film l'est) lors de la scène des retrouvailles de Button et Daisy avec leur fille pour témoin, quand Brad Pitt fait plus jeune que Brad Pitt. La démonstration numérique fait naître un vrai trouble sur la présence ou non de l'acteur : entre le personnage de chair ou de sang et l'ectoplasme copié-collé. Je ne dois pas être le premier à l'écrire, mais rarement, l'idée rebattue selon laquelle un acteur, c'est quelqu'un qui "vieillit devant la caméra" n'aura trouvé sa mise en pratique que dans cette scène.

VIEILLIR (2)


Il est un charme secondaire de Two lovers (James Gray 2008) mais qui n'est pas le moins envoûtant: celui de retrouver Isabella Rosselini qui, d'un coup (pour qui gardait l'image de la panthère de Sailor et Lula), semble "avoir pris vingt ans", mais n'en reste pas moins délicieuse. Impression d'autant plus troublante que cette actrice a toujours paru jeune dans sa tête. Ce vieillissement soudain d'un acteur, montré sans apprêt dans l'expression de son âge réel, James Gray en avait déjà joué avec Faye Dunaway dans The yards (2000). Retrouver la Bonnie sans fard produisait chez le spectateur la même impression qui, dans le film, saisit le fils qui retrouve sa mère en sortant de prison : il s'est passé tant de temps, je suis resté tellement longtemps sans te voir... 

Cet effet de retrouvailles entre le spectateur et une actrice, comment pourrait-on le qualifier? En fait, il me semble multiple : 


- une part d'effet Facebook : (re)découvrir le quotidien de camarades de collège, perdus de vue depuis plus de 15 ans. (A ce propos, dois-je "être désormais ami" avec celle qui écrivit sur ma photo de classe de 3e: "excuse-moi, mais je manque d'admiration... euh, pardon d'inspiration. Excuse-moi encore, mais c'est malheureusement vrai".) On ne sait pas ce qui s'est passé durant toutes ces années, mais dorénavant, on connaît les habitudes de chacun, sans réellement les connaître davantage. Il reste cependant une parenthèse à combler. On voit très nettement le présent, mais le passé reste un mystère... De fait, une aussi longue absence pousse à poser des questions (Que s'est-il passé pendant tout ce temps-là ? C'était quand la dernière fois qu'on s'est vu ?)

Et dans le cas présent, celui d'Isabella Rossellini dans Two lovers, ce qui se joue n'aurait-il pas carrément à voir avec ça :


- le troisième effet de ces retrouvailles, cette façon de reconnaître les personnages comme frères et soeurs, à vouloir les assaillir de questions sur ce qu'ils sont devenus, ce serait donc l'effet Rose pourpre du Caire (Woody Allen 1985). La proximité avec un personnage, un acteur, une aura, comme la meilleure invitation à rentrer dans un film... 

Et tant qu'on y est, un autre effet "Rose pourpre", mais en vrai celui-là :


L. meets M. (vidéo de Jonatan79)

Le début de la vidéo surtout, le raccord sur la chanson : d'abord sur l'écran, ensuite dans la salle... Vingt ans  entre les deux (mêmes) voix, les deux (mêmes) chants fragiles et hésitants. Une parenthèse comblée. Mais entre les deux, on s'est "pris vingt ans", vingt ans et si peu d'autres Mauvais Sang. Ce qui peut aussi donner le bourdon, c'est selon...

vendredi 13 février 2009

Lorsque l'enfant paraît...


Cerné par les bébés
Un an
Qu'on l'est.

jeudi 12 février 2009

Les deux tours (dernières nouvelles du front architectural)

La tour infernale :

Dans la palette de la mégalomanie de Rem Koolhaas, il manquait le frisson néronien, celui du spectacle fabuleux du grand incendie de Rome. C'est fait depuis l'incendie de sa tour de l'Hotel Mandarin à Beijing (la Rome d'aujourd'hui ?). 

Il ne s'agit pas de se réjouir que l'oeuvre d'un architecte important (qui plus est, que l'on est toujours prêt à défendre) subisse de tels dommages, mais c'est difficile de passer outre la fascination qu'un tel spectacle procure. Qui plus est, l'incendie ayant eu lieu durant le feu d'artifice clôturant les festivités du Nouvel An chinois, la bande son crépitante ainsi que les gerbes d'étincelles en arrière-plan visibles sur les nombreuses vidéos You Tube en rajoute dans le vertige babélien. 

Connaissant la démarche démiurgique de l'architecte, sa façon de surfer sur le moindre soubresaut du monde contemporain, de se penser "par delà le bien et le mal" de la logique libérale qui produit la métropole aujourd'hui, la venue de ce sinistre en pleine crise du monde libéral pourrait, à la limite, faire signe. Toucherait-on même à la fable ? Ce "conte de la tour qui brûle" pourrait même prendre part au corpus des "contes moraux architecturaux" (figurant à la fin de son manifeste inaugural New-York Délire 1978). Connaissant également chez l'architecte son art du rebond dialectique, on en viendrait presque à se demander si en plus de "l'instabilité", de la "non-forme", du "bigness" revendiqués à chacun de ses projets, la "théorie de la catastrophe" ne serait pas le nouvel outil formel et conceptuel à venir dans les prochains articles et conférences de Rem Koolhaas ? Mais Virilio, il bosse déjà avec Nouvel... 

La tour du bonheur :

Un homme et une femme vivent et travaillent ensemble, 24 heures sur 24 dans une maison sans cloison, totalement vitrée sur l'extérieur. Nous pouvons tout voir de leur vie, et ce sont même eux qui l'ont choisie, cette transparence de leur quotidien.  Ca ne vous rappelle rien ? Ce n'est pas le dernier programme de télé-réalité, mais plus prosaïquement un programme architectural...

... celui de la maison atelier (décrit ici de manière assez précise) à Anvers proposée par le duo Sculp(it) - Silvia Mertens et Pieter Peerlings, architectes. A première vue, je ne sais pas trop quoi penser d'un tel projet. Tout y respire la démonstration propre à faire connaître de jeunes professionnels : exploitation maximale d'une parcelle étroite, à la limite de l'inconstructible ; identification graphique par des vitrines de couleur ; parti-pris constructif simple et radical ; transparence littérale. Et en plus de tout cela, le syndrôme "machine célibataire" remis au goût du jour (quelque peu périmé déjà) d'un avatar de Loft Story : deux humains prêts à se soumettre à la règle d'une machine autiste qu'ils ont eux-même élaborée. Une règle qui résumerait la vie en un zapping de fonctions (travailler, manger, dormir, faire l'amour, se laver, bronzer, recevoir) programmées en duo dans des espaces ouverts et quasi identiques.  Et puis derrière cela, cette maison ne nous offrirait-elle pas sur un plateau une ambivalente psychanalyse express du couple créateur : tout entier acquis à son travail et à sa carrière d'ailleurs, puisque pas de chambre d'enfant à l'horizon, vision d'abord séduisante par son angélisme mais dans un second temps, plus inquiétante car à la limite de l'asphyxie.  

Ce qui, au final, me rend le projet sympathique (bien plus en tous cas que la quantité du même genre publiée dans Wallpaper), c'est finalement l'humour (si rare en architecture) sur lequel il débouche. A force de tout vider, de refuser les cloisons (les seules séparations sont celles des planchers), se créent des collisions restreintes dans l'espace intime. Ainsi, la douche à quelques centimètres du lit (pas intérêt à laisser traîner un bouquin par terre) ou encore plus fort (puisqu'il n'y a plus de place), la baignoire carrément sur le toit, permettant une nouvelle pratique du panorama urbain.  Alors, le dadaïsme, stade suprème du radical minimal chic ?

mardi 10 février 2009

Reflecting

Ontologique comme les Fioretti... (Roberto Rossellini 1950), trivial comme Ucellacci... (Pier Paolo Pasolini 1966), trippé comme les premiers Garrel, atmosphérique comme du Michael Snow, becketto-minimal comme du Kaurismaki, et pour la galerie, ordurier limite terroriste comme Fassbinder, Albert Serra sait non seulement choisir ses références, mais surtout, grâce à elles, raviver un cinéma d'aventure radicale et primitive.

Mais au fond, la proximité la plus nette de son cinéma ne serait-elle pas avec Bill Viola, un autre artiste fortement imprégné de religieux, et travaillant comme lui sur le temps (réel) de l'extinction, les phénomènes de réapparition après la disparition, comme une dernière lueur de persistance des corps et des mythes malgré leur épuisement tant physique que symbolique...

 The reflecting pool (Bill Viola 1979) :




The reflecting hill :

... ou plutôt un extrait d'extrait (car la séquence originelle est nettement plus longue et fascinante) du Chant des Oiseaux (Albert Serra 2009)

Si j’avais eu les images, j’aurais pu aussi essayer le parallèle entre la très belle baignade des rois mages vue en contre-plongée sous-marine et ce contre-plongeon...

Lire aussi ici ou ...

vendredi 6 février 2009

Jeudi dernier, on a aussi manifesté...



... à Prague et pour de l'architecture ! Pour en fait débloquer le projet de la Bibliothèque Nationale bloqué depuis plus de deux ans. A l'occasion de cette nouvelle, j'apprends que le concepteur du projet controversé, Jan Kaplicky, tête pensante de Future Systems a disparu, depuis trois semaines déjà.

Apparemment, ce projet dénommé "la pieuvre" (j'aurais dit le bonnet phrygien) pose "blobem" :

... et apparemment les polémiques qu'il suscite dans la ville de Kafka font passer celles que nous avons vécues avec la pyramide du Louvre pour de la rigolade.

Prises de bec révélatrices de la réception d'une production architecturale toute en blobs et en formes organiques (officiellement inspirées par les réseaux de l'araignée, les ailes de papillon ou les écailles de poisson mais dont les sous-entendus sexuels ne parlent pas qu'aux esprits mal tournés) qui, pour ma part, me faisait ricaner comme un ado pendant mes études d'archi. Et puis, petit à petit, perversion ou pas, j'ai vraiment fini par prendre goût à leurs propositions décomplexées, qui apportaient une fraîcheur bienvenue et insolente dans cette discipline parfois précautionneuse.

Pour comprendre l'esprit Future Systems, il faut regarder cette image. 

Où se cache leur oeuvre ? Au milieu à droite de l'image (il s'agit d'un centre commercial à la façade en boutons argentés à Birmingham). Le bâtiment n'occupe que 10% de l'image, mais il forme surtout avce la pub sur le bus et la tour de bureaux années 60 en fond de perspective, un ensemble cohérent et éphémère qui transforme la ville en séduisant puzzle pop.  C'est surtout cela que j'apprécie chez Future Systems : la capacité à rebondir sur l'environnement contemporain et à ne pas s'effrayer du clinquant. 

Et puis j'aime aussi que leurs influences débordent de la stricte discipline architecturale. Disons même qu'en héritiers concrets d'Archigram, ils proposent plus que de simples bâtiments: des environnements pop dévoyés, nourris d'un évident délire graphique, sous l'emprise de l'art contemporain (belle collaboration avec Anish Kapoor pour le métro de Naples, de la BD et d'un cinéma fantasmé (disons qu'ils proposaient d'évidents décors pour d'hypothétiques remakes de Danger Diabolik, Orange mécanique ou Phantom of the paradise).

A gauche : Danger Diabolik (Mario Bava 1968)
A droite : Musée Ferrari à Modène (Future Systems architecte - 2009)

De l'oeuvre de Future Systems, on peut encore évoquer :

- Le magasin New Look à Londres avec ses faux airs de Korova Milk Bar. 


- de savoureux aphorismes entre Warhol et Le Corbusier tel que : "I am glad the jumbo jet was not designed by an architect... if it had been, it would have never flown" ou alors "People never create, they only criticize".

- et puis un documentaire (sur Arte un jour ?) où la polémique praguoise sert de révélateur à la démarche entière de l'architecte :


jeudi 5 février 2009

Switch

Il y avait déjà eu cette inversion d'il y a quelques semaines, déjà pointée ici, entre ces deux films (celui de gauche pourrait avoir l'affiche de droite), mais ça ne marchait que dans un sens :


Mais ce matin, au dos d'un kiosque de Ménilmontant, le switch parfait : entre les deux affiches, on peut tout inverser (photos, titres, postures, attitudes) et ça donnerait exactement le même résultat :


Bon, comme la photo est vraiment de mauvaise qualité, j'en ai fabriqué une nouvelle avec la preuve de ce que je vous avance : 



Critico-blog


L'explication de ce schéma ésotérique... Evidemment, ne vous gênez pas pour critiquer, amender, rajouter, nuancer... si cela vous intéresse.