L'empreinte d'un acteur sur la pellicule, c'est aussi la musique de ses pas, le rythme de sa marche, plus ou moins régulière, plus ou moins suspendue.
Ecouter les pas des acteurs, la métrique de leur démarche, ça suffit parfois à structurer toute une scène. Plus besoin de dialogue, plus besoin de psychologie, tout passe dans la façon dont leurs souliers entrent en contact avec le sol, le frappent ou l'effleurent.
Deux exemples.
Lee Marvin dans Le point de non-retour - Point Blank (John Boorman 1967).
Des pas comme des coups de marteau qui paraissent résonner jusqu'au coeur de la terre. L'énervement et la détermination toute entière concentrées dans ce rythme régulier du claquement des talons. Et surtout un jeu d'échos, non seulement sonore (le pas dans le couloir) mais surtout visuel (tout le travail sur les déformations géométriques et les reflets à l'infini), où le son et l'image paraissent se modeler l'un l'autre.
Fanny Ardant dans Vivement dimanche ! (François Truffaut 1983)
Une séquence en variation de la célèbre déclaration de L'homme qui aimait les femmes ( "Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie"), mais au-delà de l'auto-citation truffaldienne...
Là, c'est un pas tout aussi régulier que celui de Lee Marvin, mais ô combien plus évanescent. Il y a, bien sûr, de la régularité dans ce claquement des talons hauts, qui rappelle le cliquetis d'une trotteuse. Mais ce rythme des pas, c'est aussi celui d'un autre engrenage plus secret : celui de la déduction de l'héroïne. Le petit sourire à 0:28 est merveilleux, car on a compris qu'elle a compris et à partir de là, elle module son pas, affine son rythme comme à l'intérieur d'elle-même, elle affine son raisonnement. Toutes les subtilités de son jeu de Fanny Ardant passent juste dans les variations de ses pas, qui effleurent le trottoir avec une entêtante régularité. Un exemple aussi pour rappeler que Fanny Ardant, ce n'est pas qu'une voix.
Et si vous avez d'autres exemples, histoire de constituer une "démarchothèque"...
Là, c'est un pas tout aussi régulier que celui de Lee Marvin, mais ô combien plus évanescent. Il y a, bien sûr, de la régularité dans ce claquement des talons hauts, qui rappelle le cliquetis d'une trotteuse. Mais ce rythme des pas, c'est aussi celui d'un autre engrenage plus secret : celui de la déduction de l'héroïne. Le petit sourire à 0:28 est merveilleux, car on a compris qu'elle a compris et à partir de là, elle module son pas, affine son rythme comme à l'intérieur d'elle-même, elle affine son raisonnement. Toutes les subtilités de son jeu de Fanny Ardant passent juste dans les variations de ses pas, qui effleurent le trottoir avec une entêtante régularité. Un exemple aussi pour rappeler que Fanny Ardant, ce n'est pas qu'une voix.
Et si vous avez d'autres exemples, histoire de constituer une "démarchothèque"...