... alors qu’il y avait une célèbre séquence au bord du Lac Erie dans Stranger than Paradise (Jim Jarmusch 1984) comme il y avait de longs moments d’attente autour de la Corne d’Or du Bosphore (pour pinailler, pas tout un fait un lac, mais une vaste darse) ...
... dans Uzak (Nuri Bilge Ceylan 2003).Pour autant, le film de Fernando Eimbcke se présente à nous comme le petit frère « estival » de ces deux références « hivernales » qui, chacune en leur temps s’affirmèrent comme parangons du « cinéma indépendant » si ce n’est même « artisanal ». En d’autres termes, la découverte de ces trois films a réveillé le même sentiment chez moi. Non seulement la certitude de croiser un cinéaste, mais surtout un cinéaste qui nous dit non pas que le cinéma, c’est facile, mais plutôt qu’on peut réussir un grand film formaliste avec de tous petits moyens. Trois films dont les quelques traits saillants :
- Scénarios délestés de toute psychologie apparente, mais où les affects se devinent en creux ;
- Plans séquences qui, l’air de rien, parviennent à scénographier le quotidien ;
- Laconisme non seulement des dialogues mais aussi des postures et des attitudes qui finissent par en dire beaucoup plus ;
- Enfin, quelques discrètes touches d’humour (teinté d’absurde) pour alléger comme pour donner du liant à ce coulis cinématographique.
… dessinent au final de réjouissants oxymorons : « ampleur minimaliste », « laconisme parlant », « scénographie invisible ».
C’est sûr. Le film reste vraiment l’un des meilleurs de cet été et son réalisateur l’un des noms découverts cette année. Avec Eimbcke, nous avons rencontré un virtuose discret, un horloger du billard à trois bandes, tant les impacts indirects résonnent avec régularité tout le long du film. Attendons donc ses prochains films en espérant peut-être que sa pellicule humaniste soit un poil moins mécanique et déroge à la cadence qu’elle s’est elle-même imposée.




1 commentaire:
D'une pierre deux coups, ce billet... Voilà qu'Uzak me manque... Et j'irai donc découvrir Lake Tahoe...
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