samedi 1 novembre 2008

Le jour des morts

Les toutes dernières pages d' Extrêmement fort et Incroyablement près (Jonathan Safran Foer 2005)  ...


... me paraissent sous le signe de la même pudeur douloureuse que les toutes premières images d'Une femme douce (Robert Bresson 1969).

et pour le même extrait en plus long...

Même façon de prendre frontalement la représentation de l'insupportable pour mieux faire dévier les images scandaleuses vers l'abstraction. Plutôt que d'insister sur la chute libre, cette façon de se focaliser sur ce flottement, cette tenace résistance à la gravité, ce point persistant dans les airs, c'est aussi donner une réprésentation au souvenir des disparus, comme un point ténu mais en perpétuelle suspension dans nos mémoires.

4 commentaires:

Insula dulcamara a dit…

"Déborder, tel est bien le crime impudique (...) : figurer comme puissance impossible à résorber dans le jeu social, puissance ne pouvant faire l'objet d'une négociation, d'un échange, d'un partage (...). Déconnecter, localiser, circonscrire : un tel travail de cloisonnement spatial est à l'oeuvre dans la stratégie de la pudeur." Monique Schneider, La pudeur : la réserve et le trouble.

Junior a dit…

il parait qu'il est vraiment bien le recueil de papier encré de sfar.

Liaudet David a dit…

Pendant des mois, Claude nous traduisait des extraits de ce livre. Amateur de flip-book et certain du jugement de Claude j'attendis la traduction. Et puis sans déception, il me fut possible de suivre l'enfant dans New-York à la recherche de Black, l'homme, la couleur et le sombre. Tout cela avec humour et une gravité touchant à la fois au poids léger d'un corps en chute qu'à son envol. Heureux de comprendre aussi, et là c'est à Joachim que je le dois que cette gravité, (pouvais-je en douter) touchait également Bresson.

Joachim a dit…

Insula

Merci pour la référence. En parcourant votre blog, j'ai vu vos références à Edouard Levé dont la gravité paradoxale de sa disparition préméditée me touchent autant que les images que j'évoque dans ce billet. Cela dit, je n'ose même pas lire "Suicide" qui me paraît un objet presque effrayant voire maléfique.

Junior
Je ne connais pas tout de Sfar. En plus d'une orthographe quasi voisine avec Safran Foer, je peux effectivement y voir chez lui une certaine tendance au merveilleux couplé avec l'évocation de moments historiques. Quelque part, les deux me paraissent des enfants de Chagall.
De Sfar, j'attends surtout ses débuts dans le long-métrage avec "Serge Gainsbourg, vie héroïque" (rien que le titre, c'est autre chose que "l'histoire d'un mec") qui promet beaucoup de lyrisme, de glamour et d'invention.

David

A vrai dire, je n'ai pas encore fini le roman de J Safran Foer, mais ce sont ces dernières images qui m'ont attiré vers lui. Cela me promet encore de belles heures de lecture.