vendredi 4 janvier 2008

Les cadavres de Noël sont déjà dans la rue

Cette année, j’ai vu mes premiers cadavres conifères le 3 janvier. En même temps, je ne suis quasiment pas sorti de chez moi les 1er et le 2, et l’entre-fêtes a été bien calme. Je jurerais que, dans le passé, j’en avais vu apparaître dès le 26 décembre. Dans ces cas-là, on ne peut s’empêcher de se demander de quel Noël l’arbre a été témoin et surtout pourquoi, dans les premiers jours de janvier, ces arbres déchus semblent porter tout le désespoir du monde.

Ce genre de pensées, elles sont magistralement évoquées dans Qu’est-ce que tu vas faire de 390 photos d’arbres de Noël ? impeccable chapitre niché entre les pages 58 et 63 de Tokyo Montana Express (Richard Brautigan 1980) :

« Je crois que nous étions encore sous le coup de l’assassinat du président Kennedy. Peut-être que ces photos d’arbres de Noël, ça avait quelque chose à y voir.

(…)

L’arbre avait été dépouillé de ses décorations et gisait là, tristement comme le soldat mort après la défaite. Une semaine auparavant, on avait pourtant dit du héros.

Puis j’en vis un deuxième, à demi écrasé par une voiture en stationnement. Quelqu’un l’avait laissé dans la rue et l’auto lui était passée dessus par accident. On était loin des attentions que l’enfant prodigue à son arbre de Noël adoré ! »

Et puis ce bouquin, j’ai voulu l’offrir je ne sais combien de fois, mais j’ai souvent dû y renoncer parce j’ai toujours trouvé des exemplaires où il y avait deux fois la page 159-160 et sans la page 161-162. Bon, c’est sûr deux pages qui manquent sur un bouquin de 300, c’est peut-être pas tant que ça, mais il suffit parfois d’une saute de quelques dixièmes de seconde sur un vinyle pour nous sortir du morceau. En même temps, ce genre de mésaventure, ça fait tellement Brautigan que ça a peut-être été fait exprès ou pour inspirer quelques pages apocryphes sur le mode : « Pourquoi je n’ai pas offert un livre de Brautigan à cause d’une histoire qui aurait pu être inventée par Richard Brautigan ».

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour ce billet, je ne connais pas ce roman de Brautigan. Mais en ce qui concerne les sapins, oui je trouve ça triste cette façon de s'en débarrasser comme des objets encombrants dont on n'a plus l'utilité. Un arbre vit et là c'est un arbre qui meurt et il y a en a des milliers comme ça.