vendredi 17 avril 2020

Duel aux platines

En 1928, Germaine Dulac invente le vidéo-clip.
(Même si, en allant chercher dès les débuts du cinéma, on peut remonter jusqu'aux films musicaux de Méliès).

Ce qui est fabuleux, ce n'est pas simplement l'accolage des images avec le rythme de la musique, mais cette hypnose qui naît de la matière même du support de la musique. Le tournoiement de la galette noire (est-ce que c'était déjà du vinyle à l'époque ?) crée son propre piège à miroitements.

Elle se dématérialise en générateur d'ondes visuelles, transformant les notes de Chopin en entrelacs de cercles vibratiles et de rayons hypnotiques.

 

78 ans plus tard, Gus van Sant redécouvre aussi l'hypnose du 33 tours 1/3 (on a tendance à oublier ce tiers de tour qui fait toute la différence rythmique). C'est beaucoup plus minimal (même dans le formalisme) et plus confortable. C'est plus confortable. Personnellement, je laisse la musique de côté, mais la douceur du moment, la sérénité du cadrage me captive. Et je me laisse aussi aller à la délicate hypnose de cette rotation, devenue finalement si rare, en ces temps de dématérialisation à tout va. 


Evidemment, les deux cinéastes ont sans doute pensé à l'Anemic Cinema de Duchamp (1926).


 


Je rêve à un duel aux platines, par-delà les modes et les générations, entre ces deux cinéastes DJ.

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