dimanche 4 juillet 2010
Will the show go on ?
Celui-là de 2007 jamais sorti chez nous (Go go tales d'Abel Ferrara) :
Et celui-là de 1981 rarement visible (Deux filles au tapis - ... All the marbles de Robert Aldrich) :
Disons qu'on y retrouve une commune façon de frôler la vulgarité (vulgarité franchie par la traduction française du titre d'Aldrich - Deux filles au tapis - quand le titre original signifie plus simplement "... le tout pour le tout"), de réinventer un rapport entre des hommes et des femmes (voire un seul homme et beaucoup de femmes) qui ont déjà vécu et pas mal encaissé, de transformer le Damoclès de l'échec en carburant pour alimenter l'impératif du "show must go on", de réinventer celui-ci en commedia dell'arte, de redonner vigueur à des désabusés rêves de gloire, de montrer le spectacle côté coulisses avec un oeil couvant... Mais il est aussi une différence notable entre ces deux films (malheureusement quasi impossibles à voir par des moyens légaux, vous savez ce qui vous reste à faire) et celui d'Amalric. Les deux opus américains sont pris dans un élan et une coulée de pur présent, quand la fragmentation de Tournée fait revenir, dans sa partie parisienne, des spectres du passé dessinant une ribambelle périphérique dont on attend qu'elle interagisse avec la ronde de la tournée, mais un peu en vain... Disons donc que Tournée, au-delà de sa franche séduction, contredit quelque peu son titre, en révélant parfois de coupables moments d'inertie... totalement absents des oeuvres d'Aldrich et de Ferrara.
Mais quoi qu'il en soit, là où, au final, les trois titres convergent, c'est dans l'invention d'une utopie saltimbanque . Mais toujours sur le fil, cette façon de revendiquer un spectacle fait main et hors des standards se révèle au final soit condamnée à l'entre-soi (le dénouement reclus de Tournée, assez proche de l'Etat des choses de Wenders, film où la "mort du cinéma" mutait en petite mort créatrice), soit prend le pari du "biggest show on earth" (le combat final du film d'Aldrich, et surtout ses prémisses, la montée de l'attente, le match -attention spoiler : gagné ou perdu à votre avis ?- avant même d'être rentré sur le ring). Face à ces deux conceptions (le repli ou la conquête), le Ferrara me paraît entre les deux : en perpétuelle répétition (à tous les sens du terme), à composer avec le sursis, à dompter la menace à coups de chance... jusqu'à la prochaine fois... Prochaine fois qui tarde à venir puisqu'il s'agit là du dernier film de fiction de Ferrara (même si imdb annonce un Jekyll and Hyde en projet).
7 commentaires:
Ah voilà ! merci d'évoquer L'état des choses de Wenders plutôt que la sempiternelle référence Cassavetienne que l'on lit partout, la détresse intrinsèque du personnage d'Amalric n'ayant que peu à voir avec le panache de Gazzara.
Cassavetes, c'était aussi l'idole de pas mal de cinéastes français des années 90 (C. Kahn, Lvovsky, Beauvois), mais son évocation se faisait souvent de manière plus outrée... Je trouve qu'Amalric y fait référence de manière plus détachée, à la manière de son usage de la cinéphilie, plutôt discrètement infusée (même si ayant tendance à chercher les références, on trouve que c'est moins bien que l'original, mais ce petit jeu de la comparaison -sans d'ailleurs savoir si la référence est volontaire, explicite ou pas- est parfois un peu limité, gâche un peu l'accès immédiat au film)...
Je crains surtout qu'il n'en ait trop parlé (notamment dans les inrocks si ma mémoire est bonne) mais essentiellement pour dire qu'il était parti de l'idée du personnage de Gazarra pour s'aider à trouver le ton juste, mais à la manière Amalric, donc totalement foutraque. (d'ailleurs, entre nous soit-dit, autant je veux bien croire à la suavité et la dangerosité de Gazarra autant Mathieu, bon, il est gentil mais il me fait trop rire. J'ai bcp de mal à le prendre au sérieux... et s'il devait tirer sur quelqu'un il aurait plutôt fait de s'abimer les orteils...)
Par contre son amour des femmes n'est plus à prouver :)
La partie parisienne peut sembler un peu plus convenue et moins forte que le reste du film mais je crois qu'elle était nécessaire à Amalric pour lui permettre de "passer à autre chose".
Tout ce passe comme s'il montrait avec "Tournée' qu'il larguait ce petit monde étriqué, son ego d'auteur au profit du collectif... En tous cas, j'avais le souvenir d'un soporifique "Stade de Wimbledon" et je trouve qu'il trouve là une belle énergie et un beau désir de cinéma...
On t'a dit que tu avais un blog ???
Alors,
yes,
the show must go on !
Espère que tu es bien rentré... comme tu peux le remarquer je commente sans encombre chez toi, y a pas de raison surtout que nous partageons la même plateforme que tu ne puisses le faire chez ouam
Encore un effort :)
Merci de faire signe. A bientôt donc pour s'écharper sur Clint... ou partager nos concordances.
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