vendredi 4 juin 2010

La tirade des CNC

On le remarque discrètement au générique des films récents, mais le CNC s’appelle désormais le CNCIA (Centre National du Cinéma et de l’Image Animée) sans que d’ailleurs le logo de l’institution ne suive le changement de l’acronyme.

Qu'est-ce à dire ? Le cinéma serait donc, en 2010, une image fixe, voire une image morte ? On comprend bien qu’il s’agit là de signifier que l’action du CNC s’étend au-delà des films et des salles, jusqu'aux programmes télé, contenus web, jeux vidéos, galeries, musées, etc… mais tout de même ce rajout tautologique de « l’image animée » a au mieux des allures de pléonasme, au pire de flagrant délit de ronflante institutionnelle (on est à la limite des inventaires bureaucratiques du Roi et l’Oiseau – Paul Grimault 1980).

Somme toute, cette nouvelle dénomination reste un peu courte, jeune homme, et tel Cyrano, nous pourrions dire bien des choses encore.

Allons-y-donc pour la tirade des nouvelles appellations de la chose :

- Pataphysique exhaustif : Centre National d’aides à la production, diffusion et évaluation d’images mouvantes sur des écrans de différentes tailles, et destinées à capter l’intérêt de personnes assises ou debout et de niveau d’attention variables. (Edouard Baer – période Centre de visionnage)

- Homonymique : Chantiers Navals de la Ciotat (Luc Moullet). Lequel poursuit : "Ah, ah, je vous avais bien dit qu’on pouvait confondre. Je vous renvoie d’ailleurs à mon célèbre article Qui de Straub ou de JLG vous élève le plus ? paru non pas dans les Cahiers ou Trafic mais dans la Gazette de la nacelle élévatrice et comparant les produits de ces deux entreprises leaders sur le marché".


- Photographique : Centre National des images parfois fixes et pouvant venir indistinctement du futur ou du passé. (Chris Marker)

- Universitaire : Centre National de l’Image-Temps et de l’Image-Mouvement. (Gilles Deleuze)

- Fulgurant : Centre National des images justes. (Godard 60’s)

- Convulsif : Centre National de l’Image explosante-fixe. (André Breton)

- Désenchanté : Cimetière National des merveilleux projets restés dans les tiroirs des commissions. (Paul Vecchiali)

- Martial : Champ de bataille principal des œuvres contenant les éléments suivants : amour, haine, action, violence, en un mot émotion. (Samuel Fuller)

- Idéaliste : Centre National de tout ce qui est plus harmonieux que la vie. (Ferrand aka François Truffaut)

- Fétichiste : Centre National des images montrant les jolies choses faites par des jolies femmes. (François Truffaut)

- Crépusculaire : Centre National d’un art qui, pour feindre d’ignorer sa propre mort, se soigne avec des images en réanimation. (Godard 90-00’s)

(A poursuivre, si le cœur vous en dit chers lecteurs, dans les commentaires…)

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah Luc Moullet !!! J'adore son humour...

Joachim a dit…

Même apocryphe ?

Anonyme a dit…

Vous voulez dire que vous avez inventé une citation à la manière de Luc Moullet ?
Je n'avais pas compris...

Joachim a dit…

Oui. Elle est inventée, mais disons à moitié, puisqu' il paraît que dans l'un de ses films (je ne sais plus lequel), il remplace le logo du CNC par des vues des grues des chantiers de la Ciotat (mais je n'ai pas retrouvé la preuve par l'image).

Vincent a dit…

J'avais diffusé un court-métrage amusant où une voix off disait avoir laissé passer le train des subventions sur une image d'un wagon avec l'inscription CNC. Très amusante collection, je vais laisser venir l'inspiration.

Dr Orlof a dit…

Très bon ! La version que tu prêtes à Moullet m'a fait beaucoup rire tant ce lustucru aurait été capable d'écrire un pareil article...

Triptyque Films a dit…

Ah ah ah

nacelles elevatrices a dit…

Les nacelles elevatrices vont certainement avoir de nombreuses utilisations dans le film, étant très utile. Salutations