La campagne d'affichage pour les téléviseurs 3D crée à la station Tuileries un effet de collage qui m'interpelle visuellement, mais sur lequel j'ai du mal à mettre des mots. Pour les non-Parisiens, rappelons que cette station est animée par une fresque photographique autour d'images emblématiques des cinquante dernières années. Et donc, collé à un panneau d'affichage, nous avons le premier homme sur la lune, soit un scaphandre à côté d'une paire de lunettes et les mêmes reflets dorés (ce qu'ils voient, c'est un trésor ?) sur leurs visières. A 40 ans d'écart, deux avancées technologiques qui produisent des images comparables mais avec des visées totalement antagonistes : l'exploration de l'infini contre le repli domestique, l'odyssée de l'espace contre l'affalement dans le salon.
Plus simplement, ne m'étant pas renseigné sur les télés 3D, je me demande réellement quelle en serait leur finalité. Uniquement pour (re)voir les blockbusters en relief ? Ou alors, allant de pair avec de nouveaux modes de filmage, travailler à une plus grande immersion Comme pour la Formule 1, pourrait-on imaginer des caméras embarquées sur chacun des participants à un match de foot ou de rugby pour les transformer en épopées subjectives ? A terme, avec une "3D-isation" appliquée à l'ensemble d'une grille de programmes, pourra-t-on réellement avoir l'impression de dîner avec Claire Chazal, s'asseoir sur le banc de touche pour raisonner Domenech (ou lui dire plus calmement que la 75e minute approche et qu'il serait temps de faire rentrer Govou) ? Quoi qu'il en soit, cette avancée (???) me permet de verbaliser mon allergie au flux télévisuel, parce que j'y sens que les dispositifs de pseudo-convivialité (les toc-shows) ou de fausse immersion (la télé-réalité) qui paraissent intégrer le spectateur se révèlent au final très excluants. S'il y a une bien une cloison à faire sauter, une nouvelle dimension à conquérir, c'est bien celle-là, celle de la vraie invitation adressée au spectateur.
Plus simplement, ne m'étant pas renseigné sur les télés 3D, je me demande réellement quelle en serait leur finalité. Uniquement pour (re)voir les blockbusters en relief ? Ou alors, allant de pair avec de nouveaux modes de filmage, travailler à une plus grande immersion Comme pour la Formule 1, pourrait-on imaginer des caméras embarquées sur chacun des participants à un match de foot ou de rugby pour les transformer en épopées subjectives ? A terme, avec une "3D-isation" appliquée à l'ensemble d'une grille de programmes, pourra-t-on réellement avoir l'impression de dîner avec Claire Chazal, s'asseoir sur le banc de touche pour raisonner Domenech (ou lui dire plus calmement que la 75e minute approche et qu'il serait temps de faire rentrer Govou) ? Quoi qu'il en soit, cette avancée (???) me permet de verbaliser mon allergie au flux télévisuel, parce que j'y sens que les dispositifs de pseudo-convivialité (les toc-shows) ou de fausse immersion (la télé-réalité) qui paraissent intégrer le spectateur se révèlent au final très excluants. S'il y a une bien une cloison à faire sauter, une nouvelle dimension à conquérir, c'est bien celle-là, celle de la vraie invitation adressée au spectateur.
4 commentaires:
Je voulais réagir moi aussi face à cette campagne que je trouve totalement ambigue : en quoi le gamin qu'on voit perdu dans des méandres d'images quasi holographique est un progrès, ou doit sembler positif ? Pour moi, elle met en image l'altération de la différence réalité / fiction, essentielle pour rester un minimum "dans la vie réelle"... Sans parler du côté décale (les gens savent même pas ce qu'est le blu-ray et ils leur balancent la 3D, non compatible avec les générations d'écrans précédentes !)... Merci pour le focus !
Je ne sais pas si la confusion réalité / fiction est réellement en jeu (il me semble avoir entendu ce même genre de discours avec le jeu vidéo, et je crois que l'immense majorité des utilisateurs est tout à fait conscient de cette différence). En revanche, je me demande réellement s'il peut y avoir des interférences de l'effet 3D dans l'espace domestique (car si au cinéma, on reste bien assis dans son fauteuil, c'est loin d'être constamment le cas devant sa télé que l'on regarde en passant). Par ailleurs, quid du zapping en 3D ?
Curieusement la photo 3D dont j'ai vu à Moscou de forts beaux exemples n'intèresse finalement qu'un très petit nombre d'amateurs... Je pense que plus on se rapproche de la réalité plus on rentre dans cette réalité et... que l'on a qu'une envie... c'est d'en sortir...alors je ne suis pas sure qu'il en soit autrement pour le film 3D:un engouement et puis...
Pour moi, les films 3D m'évoquent des livres pop-up géants et une composition en premiers, seconds, troisièmes plans et une quasi ignorance de la perspective, soit deux traits qui me rappellent davantage la peinture médiévale que celle de la Renaissance. Je ne ressens jamais d'immersion mais au contraire, des objets plus ou moins flottants ou ancrés devant mon regard sans que je n'aie envie de les appréhender ou toucher.
L'exception me semble être la pub Haribo projetée avant Avatar qui, elle, jouait au contraire des effets de tentation avec les chamallows venant vers nous et frôlant nos nez (il ne manquait que l'odeur et le goût, prochaines étapes vers une 4D ?).
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