


... ce ne serait-elle pas celle de l’appartement familial ? Ce qu’il y a de bien dans cette ville, c’est qu’où l’on se trouve, la mer n’est jamais loin et que vues souvent dégagées.

Et là, en me baladant le long de cette corniche curviligne....



Quand on avait quinze ans et qu’on allait vers seize, on est tous tombé amoureux d’une fille au collège qui en préférait un autre. On a tous cru naïvement qu’en lui écrivant une chanson ou un poème, cela allait rétablir la situation. On a tous mis tout notre cœur dans cette fameuse œuvre ou chanson. Un (très court) moment, on a cru que rien de plus beau n’avait été écrit… et puis on est vite retombé sur terre. Ce n’est pas le cas de Daniel Johnston car en écrivant plus d’une centaine de chansons pour la fameuse Laurie, son premier amour de collège, il a trouvé le secret des chansons griffonnées, des complaintes dissonantes qui touchent droit au cœur. Pour preuve, Beck, Dominique A, Palace Brothers, Yo la Tengo et autres héros low fi ont tous cherché leur inspiration du côté de Johnston, quand ils n’ont pas carrément enregistré quelques magnifiques duos (Speeding Motorcycle avec Yo La Tengo).
Et pourtant aujourd’hui, Daniel Johnston vit toujours chez ses parents, reste toujours amoureux fou de son premier béguin de collège, gratte toujours aussi mal sa vieille guitare et poursuit une abondante production de dessins (dont certains valent chers sur e-Bay ) d’une inspiration monstrueuse et naïve, inchangée depuis l’adolescence.
C’est parce qu’en même temps qu’il a trouvé le secret de ses chansons, Daniel Johnston est devenu véritablement fou, possédé et irresponsable au point d’avoir poussé sa logeuse par la fenêtre et fini en HP, où inlassablement, il a continué à composer et à enregistrer ses chansons sur son magnétophone.
Le plus beau du documentaire The devil and Daniel Johnston est de parvenir, sans éluder la douleur et le tragique que Johnston a répandu autour de lui, à montrer comment sa musique est encore plus qu’un « rock art brut », encore plus qu’une thérapie, encore plus qu’une échappée hors de la lourdeur de son background psychiatrique. Car quand DJ chante, il s’octroie une pause dans le cours de sa vie enrayée. Enfin, tout tourne rond chez lui. Enfin, son esprit devient simple, va droit au but, et son but, ce n’est pas autre chose que de s’octroyer des capsules d’innocence. Ses chansons dénudées ne visent pas autre chose, mais c’est déjà immense.
La valeur du documentaire vient aussi de la qualité de sa matière première : super 8 (mais des tentatives scénarisées), bandes vidéo, passages en contrebande sur MTV (là une sorte de radio-crochet, là Kurt Cobain qui lui rend hommage) et surtout K7 audios directement imprimés par l’esprit de Johnston, fragments qui ne livreront jamais l’énigme de l’esprit de son auteur, fragments à mettre en regard de la dévotion, l’inquiétude et/ou l’incompréhension manifestée par l’entourage du chanteur. Cette précarité du matériau intime et ces échos de comptines discordantes, sans doute ce qui restera comme traces de la vie de DJ, une vie qu’on ne souhaite à personne, une vie gribouillée, mais qui vaut bien quantité de vocations tracées à la règle.
Une autre critique et description assez précise du film sur ce blog
Site officiel du film et www.hihowareyou.com le site de Daniel Johnston où l'on peut commander plein de K7 faites à la main
Un moment qui nous transporte au point de continuer à danser comme des fous même sous la pluie.
Ce syncrétisme entre le carnaval, le défilé, la fanfare et la rave-party, c’est dans Shara (Naomi Kawase 2003) et en 25 ans de la Fête de la Musique, des moments comme ça, on n’a pas dû en vivre beaucoup sur le trottoir parisien.
Pour donner une idée de la bande son qui accompagne ces danses, disons que nous entendons là une sorte de conciliation entre des « Aaaah !......... Aaaah !............ Aaaaah !................ » séraphiques murmurés par une chorale de sirènes japonaises et des « Hey ! Hey ! Hey » bien plus secs et nerveux, pas si éloignés des Gabba Gabba Hey scandés par les Ramones. Espérons que ça parle aux connaisseurs !
Surtout trois films célébrant la lumière et les mots comme premiers matériaux de l’érotisme.
... que l'on voit apparaître sous toutes les coutures à la sixième minute de Jackie Brown...
(rassurez-vous les filles, Quentin vous laissera jamais tomber!)
(la toile, c'est une anthropométrie d'Yves Klein)
Enfin, si hier soir, c'était quand même sexy avec la revoyure de rattrapage de Boulevard de la mort. On ne pouvait pas rester sur une si mauvaise impression, et deux heures plus tard, réévaluation spectaculaire... Peut-être le plus godardien des Tarantino, son Histoire(s) du cinéma à lui avec non pas une mais huit Anna Karina au casting. Souvenir embarrassé des horreurs écrites sur ce film. Donc mea culpa à suivre... toujours intéressant de se demander comment on peut passer à côté des films ou faire fluctuer ses avis.
PS : Eh oui, Juliette, une vague bleue qu'on se prend dans la gueule, ça fait toujours un peu flipper...
PS (pour le PS): ... mais fallait peut-être se réveiller avant.
Douceurs et rugosités qui s’étendent jusqu’à la surface de la ville. Le Kuala Lumpur que nous voyons n’est pas la métropole fière des records du tour de son Grand Prix de Formule 1, la métropole fière de son record du monde des Petronas Towers, les tours les plus hautes du monde (mais les records n’ont qu’un temps). Non, de Kuala Lumpur, nous voyons plutôt une face introvertie faite de rues denses, d’espaces peu respirables et surtout d’impressionnants bâtiments carcasses, cathédrales involontaires, nefs et refuges des personnages. Et les surfaces de béton brut de ces bâtiments deviennent la peau naturelle de la ville.
Cette approche sensible qui fait correspondre les épidermes humains et ceux des bâtiments, c’était celle du photographe Lucien Hervé quand il posait son regard sur les chantiers et les bâtiments de Le Corbusier, quand il révélait à quel point la matérialité du béton brut de l’architecte était celle d’un fossile ou d’une peau d’éléphant toute vieillie et craquelée. (La photo noir et blanc du haut, c'est une vue de l'Unité d'Habitation à Marseille et celle d'en-dessous une vue du chantier de Chandigarh en Inde). Ces photos montrent surtout, comme le film de Tsaï Ming Liang à quel point certains bâtiments peuvent être éprouvés comme le ventre de la baleine dans laquelle nous adorons avoir échoué.