Si c'était vraiment l'été...
... qu'est-ce qui nous empêcherait de profiter du soleil, des picotements sur la peau, de la crème et des caresses qui se répandent sur les épidermes, des déjeuners sur l'herbe qui se finissent coquinement, des yeux qui se plissent sous le jaune de la lumière, des baignades assoupies, des siestes sur le siège passager de la voiture, du vent frais qui nous fouette le visage pendant les randonnées en mobylette ? Mais le soleil ne vient pas et pour trouver l'été comme on le rêve, il faut aller dans une salle obscure et cueillir avec les yeux Blissfully Yours (Apichatpong Weerasethakul 2002). Pour un tel film, les images ne sont pas projetées sur l'écran. C'est plutôt la toile de l'écran qui est carressé par le cinéma d'Apichatpong, ce génie trentenaire, mais qui paraît porter en lui la sérénité de celui qui a vécu tout un siècle, tellement il en sait sur les sentiments et le monde d'aujourd'hui. Un type qui médite comme un moine, mais avec la vivacité d'un DJ. Dans les dernières images de son dernier film Syndromes and a century, quelques personnages regardent immobiles fascinés une sorte d'hélice (ou de frisbee ? ou de soucoupe volante ?) en lévitation, qui monte, descend, mais jamais ne s'écrase. Comme spectateur, nous éprouvons la même fascination devant les films d'Apichatpong, ces films à la fois purs et sophistiqués, primitifs et ultra-contemporains, qui on ne sait comment montent directement à leur zénith, flottent parfois mais ne donnent jamais l'impression de flancher.
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