Pour garder son calme face à la parole combattante de Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy tripotait et s’accrochait à son stylo. Quel régal pour les psychanalystes ! Tout le monde l’avait remarqué dès les premières minutes du débat (de même que les regards bifurqués de NS), mais il fallait qu’un éminent « gesticologue » nous fasse cette révélation sur France Info, mercredi soir sur le coup de minuit. C’est quoi un « gesticologue » ? Apparemment un spécialiste de la « science des gesticulations », mais c’est la première fois que j’entends un nom pareil. Il était temps qu’on fasse appel à lui.
C’est vrai que chacun des deux candidats peut se définir par son rapport au corps, pas tant le leur propre que ceux qui « hantent » leurs discours. Les pics médiatiques de SR ont eu trait aux handicapés : la main conciliante sur l’épaule de l’homme en fauteuil sur le plateau de TF1 puis sa saine colère lors du débat. Elle-même se voit sans doute comme un médecin au chevet de la France, ce grand corps (social) malade dont les organes vitaux (école, système de santé, logement, emploi, environnement, retraites, solidarité) seraient atteints mais dont la colonne vertébrale républicaine tient encore vaillamment le coup. NS, lui, n’est pas du genre à s’apitoyer. Il est petit, certes, mais son corps est triomphant. Il se voit comme le champion de la politique. Il admire les sportifs qui, eux-mêmes, lui renvoient la pareille. Il a dit et répété que son gouvernement, ce serait son équipe de France. Pour lui, seule la victoire est belle, peu importent les moyens, et dans sa vision binaire de la société, pas de pitié pour les losers.
Vision peut-être simpliste, mais quand, après six mois de campagne, on a épuisé toutes les analyses, toutes les exégèses, heureusement qu’il nous reste le langage corporel. Dire qu’il a fallu attendre la toute fin de campagne pour qu’on nous sorte le « gesticologue », spécialiste dont on ignore encore la spécialité. Est-ce que ça existe vraiment la « gesticologie » ? Est-ce que c’est composé d’un tiers d’ergonomie, d’un tiers de psychanalyse, d’un tiers de sémiologie et d’un quatrième tiers d’un peu tout le reste ? Le titre de sa thèse est-il « prolégomènes à la gesticologie, science des gesticulations et des débordements corporels » ? Est-il, comme Régis Debray avec la médiologie, le seul spécialiste mondial d’une science qu’il a lui-même inventé ? Dans ses rêves les plus fous, donne-t-il la leçon inaugurale au Collège de France du haut de sa chaire de « gesticologie » ? Toutes ces questions ne pouvaient pas rester sans réponse. Hier matin, je google donc « gesticologue ». Et là… Rien de rien. Page blanche sur fond blanc. « Aucun document ne correspond aux termes de recherche spécifiés. Essayez d’autres mots. Utilisez des mots plus généraux ». Expérience du vide et du vertige sidéral. Pas une occurrence. Pas une évocation. Pas un pet de mouche dans la galaxie de l’univers global virtuel mondial…. Ce serait donc ça un « gesticologue » ? Quelqu’un avec une voix, mais pas d’existence ? Quelqu’un qui dit trois mots et qui ne laisse plus une seule trace derrière lui ? Quelqu’un sans corps ?
C’est vrai que chacun des deux candidats peut se définir par son rapport au corps, pas tant le leur propre que ceux qui « hantent » leurs discours. Les pics médiatiques de SR ont eu trait aux handicapés : la main conciliante sur l’épaule de l’homme en fauteuil sur le plateau de TF1 puis sa saine colère lors du débat. Elle-même se voit sans doute comme un médecin au chevet de la France, ce grand corps (social) malade dont les organes vitaux (école, système de santé, logement, emploi, environnement, retraites, solidarité) seraient atteints mais dont la colonne vertébrale républicaine tient encore vaillamment le coup. NS, lui, n’est pas du genre à s’apitoyer. Il est petit, certes, mais son corps est triomphant. Il se voit comme le champion de la politique. Il admire les sportifs qui, eux-mêmes, lui renvoient la pareille. Il a dit et répété que son gouvernement, ce serait son équipe de France. Pour lui, seule la victoire est belle, peu importent les moyens, et dans sa vision binaire de la société, pas de pitié pour les losers.
Vision peut-être simpliste, mais quand, après six mois de campagne, on a épuisé toutes les analyses, toutes les exégèses, heureusement qu’il nous reste le langage corporel. Dire qu’il a fallu attendre la toute fin de campagne pour qu’on nous sorte le « gesticologue », spécialiste dont on ignore encore la spécialité. Est-ce que ça existe vraiment la « gesticologie » ? Est-ce que c’est composé d’un tiers d’ergonomie, d’un tiers de psychanalyse, d’un tiers de sémiologie et d’un quatrième tiers d’un peu tout le reste ? Le titre de sa thèse est-il « prolégomènes à la gesticologie, science des gesticulations et des débordements corporels » ? Est-il, comme Régis Debray avec la médiologie, le seul spécialiste mondial d’une science qu’il a lui-même inventé ? Dans ses rêves les plus fous, donne-t-il la leçon inaugurale au Collège de France du haut de sa chaire de « gesticologie » ? Toutes ces questions ne pouvaient pas rester sans réponse. Hier matin, je google donc « gesticologue ». Et là… Rien de rien. Page blanche sur fond blanc. « Aucun document ne correspond aux termes de recherche spécifiés. Essayez d’autres mots. Utilisez des mots plus généraux ». Expérience du vide et du vertige sidéral. Pas une occurrence. Pas une évocation. Pas un pet de mouche dans la galaxie de l’univers global virtuel mondial…. Ce serait donc ça un « gesticologue » ? Quelqu’un avec une voix, mais pas d’existence ? Quelqu’un qui dit trois mots et qui ne laisse plus une seule trace derrière lui ? Quelqu’un sans corps ?
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