Dans l’Homme sans passé (Aki Kaurismaki 2002), l’action se déroule hors la ville. Pourtant, nous ne sommes pas dans des paysages bucoliques ou dans des espaces vierges. Nous sommes dans un entre-deux, composite de « nature indigne » (herbes folles, terrains vagues) et de paysages industriels. La ville est toujours là, à portée de vue des personnages, sous leurs yeux, mais à distance.
Il s’agit là de prendre un congé de la ville, de s’y tenir en dehors, le temps de s’y reconstruire et, en même temps, de réinventer la communauté.
Il s’agit là de prendre un congé de la ville, de s’y tenir en dehors, le temps de s’y reconstruire et, en même temps, de réinventer la communauté.
Pour venir par ici, hors la ville, il faut traverser le Styx et pouvoir ensuite se relever.
Une fois debout, il faut pouvoir construire une nouvelle ville, une ville de pionniers, une ville revenue aux éléments originels de l’architecture. Un container de chantier devient la cabane primitive, un abri souverain.
Un arbre et un potager au bord de l’eau deviennent un lieu du partage, un Eden minimal, mais un Eden quand même.
L’Homme sans passé est sans doute l’un des seuls films (le seul ?) où la périphérie de la ville n’est pas désignée comme le lieu d’une relégation sociale, mais au contraire comme le lieu d’une nouvelle chance, d’un nouveau départ, d’une nouvelle vi(ll)e à recommencer.
Mais si l’homme est sans passé, il n’envisage pas son avenir sans la ville. Une fois qu’il a retrouvé la mémoire et les sentiments, il peut revenir vers la ville. Son absence n’aura été que temporaire et c’est dans la ville qu’il vivra dorénavant au présent.
On est tout au bord d’Helsinki, mais on pourrait être tout au bord de n’importe quelle autre ville occidentale qui, toutes, doivent un jour réinventer leur périphérie.
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