mardi 19 juin 2007

Que c'est triste d'être star

Les yeux de Julie et de Tigane quand ils apprennent qu’ils ne le seront pas. Ceux de Julien quand il sait qu’il est la nouvelle star.

Cache bien sa joie, le Julien ! Le nombre de pensées qui doivent se bousculer dans sa tête : le plus dur commence, mon gars, va falloir tenir la posture arty, comment ne pas se faire récupérer par le système, mais ça c’est pas déjà fait, mon gars, et puis Alizée, elle va me coller un procès, ou alors si c'est pas elle, ce sera Sabine Paturel, et on va pas arrêter de me comparer à Christophe Willem, c’est sûr on va me traiter de sous Katerine, et Bashung et Tom Waits qui voudront jamais faire de duo, et puis admettons que le premier disque, ça se passe trop mal, mais après, pour le deuxième, c’est l’inévitable retour de bâton critique et public, et l’arty d’aujourd’hui, c’est le ringue de demain, sans compter les tournées épuisantes, les chambres d’hôtel où on cafarde, les minettes hystériques qui croient que Duchamp, c’était le capitaine de l’équipe de France de 98, et le tube de l’été « ukulélé mania » qu'on m'obligera à chanter pour mon come-back en 2013, et puis ce public qui attend, la télé qui attend, Marianne James qui attend, Libé qui attend, Voici qui attend, BMG qui attend, le comptable qui attend….

La tristesse d’être star, l’infinie tristesse de se retrouver pris entre un fan idiot et une muse qui n’en a rien à foutre, c’est ce qu’éprouve Ray, l’un des héros de Derniers Rappels, l’impeccable bédé feuilleton caramel d’Alex Robinson dont je suis encore en pleine dégustation. Ce mille-feuilles dessiné qui se sirote à petites doses est si voluptueusement triste, mélancolique, drôle et rempli d'empathie que je ne suis pas pressé d'en finir la lecture.

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