mercredi 21 novembre 2007

Les galères dans les transports en commun

Y a pas que chez nous, pays gréviste, que ça existe. Déjà en 1949 au Japon. Pour preuve ce début de Chien Enragé (Akira Kurosawa 1949), qui allie rapidité, concision et vivacité, l’une des ouvertures de films les plus dynamiques qui soient.
Comme le montre le début du découpage de la séquence, il s’agit constamment de passer du groupe à l’individu, de la foule à la personne, et toujours dans des espaces en dissonance avec l’échelle humain : soit totalement confinés, soit au contraire beaucoup trop vastes.
Nouveau raccord étonnant : deux traces sur le sol, celles de l’homme et de la machine, des pas puis des pneus.
Tellement de monde dans le bus que la caméra elle-même prend d’abord sa respiration (à gauche) ... avant de cadrer ces fragments de corps et de visages.

Damned !


Retour à l’inscription dans une échelle plus vaste pour le début de la poursuite où, pour lancer la poursuite, Maître Akira inscrit sa trajectoire sur la diagonale du cadre.

Il faudra attendre 1980, et la plage 1 du deuxième 33 tours de l’album Sandinista des Clash pour que Joe Strummer chante la meilleure description rythmée de la suite de la séquence :

Well I’m running police on my back
I’ve been hiding police on my back
They will catch me if I dare drop back
Wont you give me all the speed I lack


(Police on my back)

Le temps d'une chanson, pas plus de trois minutes. C'est le temps que dure cette séquence où se produit l'alliance des cadrages millimétrés des corps et des gestes (avant le Bresson de Mouchette et de Pickpocket), d’une traversée des faubourgs suburbains (avant Pasolini) et d’une poursuite à pied bien nerveuse (j’allais dire bien avant mais ça doit être à peu près en même temps que Fuller en fait, mais bien avant ces courses romantiques chères à ma mémoire). Bien la preuve que peut-être encore plus que dans ses fresques historiques, c’est dans ses polars urbains que Kurosawa est le plus « enragé » des cinéastes, en tout cas l’un de ceux qui fait feu de tout bois et tire de chaque séquence voire de chaque plan une incandescence où la rigueur n’est pas l’ennemi de la nervosité. Bien au contraire.

Contribution au Kurosawa blog-a-thon

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