jeudi 8 novembre 2007

How to deal with that ?

Avec plusieurs métros de retard (on a beau se targuer d’être un « spectateur professionnel », on n’en est pas moins carrément à la traîne sur les séries), découverte de la première saison de Weeds.
Série presque en mineur (10x26 minutes à peine), mais qui satisfait ses ambitions avec une belle densité d’écriture basée sur une exploration du quotidien et une vérité de l’espace domestique où tout « parle » ou tout du moins « fait fiction » (mais on pourrait presque dire que c’est là une bonne habitude américaine depuis les Soprano, Desperate Housewives ou le tendance Appatow).

Aventures et mésaventures d’une jeune (et fort jolie) veuve qui pour continuer à mener son (luxueux) train de vie se met au trafic d’herbes stupéfiantes et devient la « suburban baroness of bud » (baronne banlieusarde de la beuh), Weeds n’est pas tant un plaidoyer libertaire qu’une auscultation de deux piliers de l’american way of life : la famille et le business.

Car aussi bien dans la « family » que dans le « business », tout n’est finalement qu’affaire de diversification, d’expansion, d’alliances et de recompositions. S’il s’agit de « dealer », c’est avant tout avec ses propres affects, le chagrin du deuil, l’acceptation de la maladie, la nécessité de donner le change face à ses proches. Le « deal », c’est l’arrangement plus ou moins habile, plus ou moins confortable. Et « Everybody got to deal with it » de résonner (en tout cas chez moi) comme un lointain (et volontaire ??) écho au “Chacun a ses raisons” de la Règle du Jeu (Jean Renoir 1936).


De plus, un générique vraiment étonnant qui condense tout le propos de la série.

Vision du développement d’une banlieue pavillonnaire et mise à plat de la suburbia qui me rappelle incroyablement les photos d’ Alex Mac Lean

... explorateur aérien des paysages standardisés de l’ère des lotissements, des shoppings malls et des parcs d’attraction (voir son étonnant ouvrage Playing).

Puis pas l’ombre d’un personnage, pas l’ombre d’un acteur, mais juste une série de clones,

... d’autant plus inquiétants qu’ils ont l’air heureux de paraître aussi standardisés que leurs maisons et leurs bagnoles.



C’est finalement tout ce que dit Weeds. S’il s’agit de dealer avec la disparition d’un père, d’un mari, d’un ami (car toute la série épouse la chronologie d’un deuil familial), c’est finalement pour s’inventer sa propre personnalité et ne pas finir comme un clone.

Me rappelle une chanson des Pet Shop Boys de la fin des années 80 qui préfigurait cette série et Desperate Housewives: " You can't hide in suburbia".

1 commentaire:

Nuno a dit…

Je suis justement en train de voir la deuxième saison. J'aime beaucoup l'atmosphère de cette série et son actrice principale.