jeudi 16 avril 2009

Golden eighties

En commentaire de cette note, je me demandais perfidement, si face à la profusion des titres enthousiasmants produits par le cinéma français durant les années 70 (que l’on peut, qui plus est, élargir durant cette période à de glorieux expatriés comme Bunuel ou Marco Ferreri), j’arriverais à trouver, ne serait-ce que 10 titres pour la décennie suivante.

Il est vrai que quand je pense à ces « si loin si proches » années 80, je pense d’abord à :

- Aux tenants d’un romanesque quelque peu assagi et sur-psychologisé (Téchiné, Doillon, Claude Miller, Deville, Assayas) qui, malgré leurs qualités, ont du mal à faire le poids face à la puissance d’Eustache, par exemple et, c’est un comble, paraissent aujourd’hui avoir davantage vieilli que certains emblèmes de la décennie précédente.

- A l’émergence de l’esthétique honnie bessoneixienne. Pourtant, je peux reconnaître de belles choses dans Le dernier combat, Diva ou 37,2 mais de là à leur faire l’honneur d’un top ! Face à cela, je sauve aussi en partie (même si mes souvenirs sont très vagues) la singularité des grognements dans la brume de La guerre du feu (cet esthétisme brouillardeux, c’est Antonioni qui se met à la pub ?).

- Parallèlement, aux espoirs déçus de débutants qui avaient fait grand bruit en leur temps (Rochant, Virginie Thévenet, Christian Vincent) mais qui se sont révélés  pétris d’une approche bien conventionnelle du cinéma. Certes, Claire Denis pointe le bout de son nez en 1988 avec Chocolat mais le souvenir d’un premier opus plutôt timide.

- A une certaine atonie des expériences singulières, des « films INA » (entre autres), des « films qu’on ne pourrait plus produire aujourd’hui »,  en somme un contexte ou un état d’esprit qui permettait à Duras, Pérec ou Debord de se saisir d’une caméra, ou à Moullet ou à Pollet de s’aventurer vers des formes hybrides (essais, films à la première personne).

- A mon regret (ou manque de curiosité) de ne pas trop m'être orienté vers certains « francs-tireurs » (Vecchiali, Biette, Treilhou, Zucca, Guiguet, Frot-Coutaz, Davila) dont je ne connais que très peu l’œuvre (pas eu l’impression d’avoir vu leurs bons titres, d’ailleurs).

Et donc, ce n’est que dans un second temps que je me souviens que les années 80 m’avaient tout de même offert de belles comètes.

D’abord six claques dans la gueule, plus que ça, de vrais jalons dans ma cinéphilie :

Thérèse (Alain Cavalier 1986)

Maine Océan (Jacques Rozier 1986)

Mauvais sang (Leos Carax 1986)

A nos amours (Maurice Pialat 1983)

De bruit et de fureur (Jean-Claude Brisseau 1988)

Mon oncle d’Amérique (Alain Resnais 1980)

Ensuite, deux sortes de classiques :

L’argent (Robert Bresson 1983)

Les nuits de la pleine lune (Eric Rohmer 1984)

Puis, trois films imparfaits, parfois trop longs, complaisants, mais dont les sommets de poésie rachètent largement leurs faiblesses :

Elle a passé tant d’heures sous les sunlights (Philippe Garrel 1985)

Le pont du Nord (Jacques Rivette 1981)

Sans soleil (Chris Marker 1983)

Et un film vraiment à part :

L’ange (Patrick Bokanowski 1982)

Bon, là, on est déjà à 12 titres. Mais je mentionne encore :

Les frères ennemis :

La femme d’à côté (François Truffaut 1981). Je sais bien que c’est limite blasphème de ne pas le mettre plus haut, mais mon souvenir reste tout de même vague (vu à la télé, il y a plusieurs années).

Je vous salue Marie (Jean-Luc Godard 1985). Assez ébloui durant sa première demi-heure (variations sur la création artistique, scientifique, biologique), mais si j’ose dire, j’ai l’impression que Godard pose ici (tout comme dans Puissance de la parole, court de 1988 dont il est assez proche) des jalons stylistiques qui me paraîtront nettement plus aboutis dans plusieurs titres de la décennie suivante (Nouvelle vague, JLG JLG).

Et pour finir, sur le banc, des titres marquants mais dont j’ai aujourd’hui des souvenirs trop vagues pour être totalement sûr de les retenir :

Hôtel des Amériques (André Téchiné 1981)

Tenue de soirée / Trop belle pour toi (Bertrand Blier 1986 et 1989)

Double messieurs (Jean-François Stévenin 1986)

Coup de torchon (Bertrand Tavernier 1981)

Voilà, je suis arrivé à 19 titres finalement… Encore un pour arriver à 20. Allez, hop, une dérogation pour à la règle du « un seul titre par réalisateur » et je rajoute :

Un étrange voyage (Alain Cavalier 1981) pour lequel j’ai une affection particulière…

Et puis, enfin, me revient en post-scriptum, le récurrent film "je me demande encore comment j'ai pu l'oublier". Pour ma part, il s'agit de Empty quarter, une femme en Afrique (Raymond Depardon 1985), douce claque dans la gueule et surtout délicate et hybride expérience singulière (fiction ? documentaire ? journal filmé ?) qui me touche d'autant plus que j'y perçois de subliminales réminiscences personnelles.

Bon, elles étaient pas si mal ces années 80, finalement, ces années qu'on adore honnir, même si on y a -presque- tout appris. (photogramme : La personne aux deux personnes 2008).

21 commentaires:

'33 a dit…

je ne sais de quel film c'est tiré, mais j'ai vu récemment hotel des amériques et les nuits de le pleine lune, 2 claques comme tu dis, et je suis très avide de rattraper mon retard en cinéma français ces temps-ci. je ne pense d'ailleurs qu'à voir des films français en ce moment...

le père Delauche a dit…

Pas pour frimer, mais un petit complément peut-être :

- 1 grosse claque : Une affaire de femmes, de Claude Chabrol [hein ?! quoi ?! il n'est même pas cité ?!!! pfff... ;-]

- 1 film imparfait : La Comédie du travail, de Luc Moullet (qu'on pourra (re)voir lors de la rétrospective qui débute aujourd'hui à Beaubourg).

- 1 film qui m'a laissé un très bon souvenir : Neige, de Juliet Berto.

Bonne continuation...

Dr Orlof a dit…

Est-ce parce que je l'ai découvert plus tard mais je n'ai jamais reçu la "claque" que beaucoup ont ressenti en découvrant "Mauvais sang" (que j'aime bien cependant).
Mon classement est fait : pas si éloigné que ça du tien mais j'avoue que ce que je retiens des années 80, ce sont les cinéastes qui ont débuté dans les années 50-60 ou 70...

Buster a dit…

Echange de bons procédés, je prépare ma liste, sûrement moins difficile que pour les 70’s mais pas facile quand même (il y a encore du choix), l’occasion en tous les cas de me rattraper vis-à-vis de Rohmer et de Godard.

Joachim a dit…

'33
J'ai noté ta récente passion pour Téchiné, même si pour tout dire, j'ai un peu de mal à suivre ton enthousiasme sur "la fille du RER" (film intéressant mais qui me paraît un peu "troué"). Cela dit, l'aspect hybride de ses derniers titres (même si j'ai loupé "Les témoins") me séduit plus que son romanesque soigné. "Hotel des Amériques", je n'en ai pas des souvenirs très nets (à part avoir pensé que c'était inégal) bien que vu seulement il y a quatre ou cinq ans. Je chéris particulièrement ses titres "délocalisés" (Loin et Barocco) car je sens son grand talent pour planter petit à petit des repères (aussi bien géographiques, paysagers ou affectifs) dans un environnement étranger.
Sinon pour le quizz, je pense que c'est un film que tu as vu (pas très bon d'ailleurs), et (piège énorme) qui ne date pas de cette décennie.

Père Delauche

Vu aucun des trois titres que vous citez. Encore des lacunes à combler, mais les lacunes, c'est le carburant même de la cinéphilie ;-)

Dr Orlof

La claque de "Mauvais sang", je l'ai plutôt (res)sentie à la deuxième vision du film, il y a trois ou quatre ans... J'avais tellement peur qu'il se soit ringardisé que j'ai été vraiment surpris de voir que le film tenait encore le coup. Un curieux mélange, en fait, parfaitement dans son époque, mais aussi déjà follement nostalgique, parfois pétri d'ennui ou de complaisance, mais immédiatement transcendée... La définition même du lyrisme, en somme...

Quant à la question que tu soulèves, elle est intéressante même si je ne pense pas que cela soit propre aux 80's. C'est vrai que, quelque part, le seul cinéaste qui ait vraiment émergé, progressé (enfin, si on veut) et prospéré durant et à partir de ces années, c'est... Luc Besson, ce qui explique peut-être une partie du discrédit porté sur ces années. Quand on pense parallèlement à la trajectoire de Carax... Certes, du côté du cinéma plus "fréquentable", on peut aussi évoquer les parcours d'Assayas et Claire Denis, mais leurs films récents ne me paraissent pas toujours témoigner d'une grande ampleur.

Cela dit, en établissant cette liste, j'ai constaté avec plaisir qu'elle comptait encore nombre de titres "qu'on ne pourrait plus réaliser aujourd'hui", un qualificatif que j'associerais plus naturellement aux années 70. Par rapport à aujourd'hui, la prise de risque n'était pas absente de bons nombres de productions. Ainsi, "Thérèse", c'était un peu le "Séraphine" de l'époque (même type de sujet, de réalisateur pas trop connu, limite ermite, casting sans star et Césars à l'arrivée) mais j'ai l'impression que Cavalier est tout de même d'une toute autre exigence que Provost.

Buster
J'attends votre liste. Je prends déjà les paris sur "Sauve qui peut la vie", "L'argent", un Rohmer et "Simone Barbès ou la vertu" (pas vu d'ailleurs) ;-) Le reste, on verra...

Buster a dit…

Bon allez, je me lance, voici ma liste avec un semblant d’ordre:

- L’argent de Bresson, bien vu, parce que Bresson c’est le plus grand

- un Rohmer, en effet, disons alors La femme de l’aviateur pour la perfection de sa construction, mais j’aurais pu tout aussi bien prendre Pauline à la plage, pour sa légèreté, Les nuits de la pleine lune pour le "documentaire" sur Pascale Ogier, ou encore Le rayon vert pour sa lumière

- Sauve qui peut (la vie) de Godard, bien vu encore, parce que le film est d’une incroyable richesse même si en terme d’émotion Passion avec ses tableaux vivants m’avait davantage bouleversé

- Sous le soleil de Satan de Pialat parce que le film se bonifie avec le temps à la différence d’A nos amours, plus inégal à la revoyure (idem pour Loulou)

- Amerika rapports de classe des Straub, oui je sais ce n’est pas un film français mais je viens de le revoir, c’est prodigieux

- Maine-océan de Rozier, inégalable dans son genre

- Rouge-gorge de Zucca, une pure merveille comme on dit

- Un jeu brutal de Brisseau, plus fort encore que De bruit et de fureur (Brisseau est le seul grand cinéaste révélé dans les années 80 - avec Carax bien sûr mais de ce dernier je préfère surtout Pola X dans sa version longue)

- Hôtel des Amériques de Téchiné, parce que c’est (de loin) le plus beau Téchiné et que dans la veine romanesque il est même supérieur aux derniers Truffaut

- et puis aussi: Le rebelle de Blain, Faubourg St Martin de Guiguet, Loin de Manhattan de Biette, euh... Simone Barbès ou la vertu de Treilhou, Les cinéphiles de Skorecki, les courts de Moullet, Double messieurs de Stévenin, La bande des quatre de Rivette, etc.

Reste plus que les années 90 (qui s’y colle?) et 2000 pour la fin de l’année.

Dr Orlof a dit…

D'accord avec Buster pour "le rebelle" (magnifique), "Rouge gorge" (il faut redécouvrir le cinéma étonnant de Zucca, le film des Straub (même si à la revoyure, je le trouve moins fort qu'un film comme "Sicilia" ou "Chronique d'Anna Magdanela Bach")...
En revanche, je chipote encore, il est vrai que Brisseau a vraiment commencé dans les années 80 mais son premier film, l'excellent "la vie comme ça" date de la fin des années 70 (c'est sans doute, après "2 ou 3 choses que je sais d'elle", le premier véritable film sur l'enfer de la banlieue...(et le premier sur le harcèlement au travail?)

Arnaud a dit…

Ce n'est pas que je fasse une fixation sur Sandrine Bonnaire - d'autant qu'elle figure dans les films de Pialat dont il a été question - mais je suis surpris de voir que personne ne mentionne ( pas encore ?) La Captive du désert et Sans toit ni loi : deux films secs magistralement inscrits dans l'époque.

Sinon, pour enfoncer le clou, le film majeur de la période, qui d'ailleurs déborde largement des limites assignées à l'exercice, pour moi, c'est bien L'argent.

nicolas a dit…

my turn! bon, il y aura des redites, il n'y aura même que cela, mais enfin...

1-le rayon vert, eric rohmer
2-police, maurice pialat
3-de bruit et de fureur, jean-claude brisseau
4-maine-océan, jacques rozier
5-la bande des quatre, jacques rivette
6-hôtel des amériques, andré téchiné
7-désordre, olivier assayas

un seul par cinéaste, s'entend. s'il faut aller jusqu'à dix, mettons urgences, tenue de soirée et je vous salue marie. mais je suis tout de même moins sûr de ces trois-là.

(comme dr orlof, j'adore la vie comme ça, présent évidemment dans le top 70)

configuration mail a dit…

La Personne Aux Deux Personnes

Joachim a dit…

Bonne réponse, chère configuration mail... Vraiment pas très bon, cette personne aux deux personnes, cela dit... sauf pour ces charmants moments de vintage 80's... Mais le vrai hommage à cette décennie-là, je l'ai plutôt retrouvé dans "The wrestler".

Sinon, en parcourant les réponses, je me dis qu'il faut vraiment que je revoie "Hôtel des Amériques", "Sauve qui peut la vie" (vraiment pas un bon souvenir, et puis je préfère quand Godard s'apaise dans les années suivantes, quand il pontifie moins sur le couple, le travail comme formes d'aliénation, quand il redevient plus sensualiste que sociologue), "Sans toi ni loi" (j'y ai pensé mais souvenir vraiment trop lointain), "Amerika, rapports de classes" (le film hollywoodien des Straub ? là encore, souvenirs vagues mais la très belle vision du New York comme "Nouvelle Amsterdam" reste) et "Désordre" (vraiment le souvenir de quelque chose de super appliqué, un Nicholas Ray remis d'équerre, d'un lyrisme assez sage, sans grande fièvre en fait).

Sinon, comme d'habitude dans ces jeux de liste, il y a un film que j'avais oublié, c'est "Empty quarter" (Depardon 1985) sur lequel j'avais déjà écrit (note du 29 juin 2007).

Gino a dit…

En cherchant à me souvenir je n'ai trouvé que des films estrangers venus d'autre pays pas en France. Cepandant les listes des uns et des autres sont valables, mais mes années 1980, c'est "Local Hero", "Princess bride", "Escape from NY", "They Live", "Videodrome", euh... C'est à dire soit des films dont la BO est de Mark Knopfler, soit des séries B de SF. Hmmm... bizarre.

Joachim a dit…

Oui, oui, bien sûr, mais cette note se limite au championnat de France et ne vise pas la Coupe du Monde. S'il fallait faire une liste "mondiale", je crois que je m'y perdrais tellement j'aurais peur d'en laisser de côté. Je pense tout de même que j'y garderais toujours une place pour "Thérèse", "Maine Océan" et "Mauvais sang".
Sinon, bien sûr, "Videodrome" et "They live" (auquel j'ajouterais peut-être "Robocop") sont parmi les oeuvres les plus politiques des années 80, celles qui parlent le mieux de la société de leur temps.
Intéressant de voir aussi que c'est dans cette décennie que Cronenberg est devenu un "auteur" célébré et fréquentable, et que sa filmo continue pourtant à avancer masquée. Ainsi, à "Dead ringers", je continue à nettement préférer "The fly" qui sous ses dehors de série B se révèle un film si poignant.
Très bon souvenir de "Princess bride" également qui me paraît bien préfigurer l'esprit Pixar (en plus fleur bleue peut-être).
Sinon, jamais été grand adepte de Mark Knopfler et Dire Straits (même si j'ai toujours entendu beaucoup de bien de "Local hero"), à part du clip de "Money for nothing" qui fait lui aussi partie des grands moments de l'imaginaire 80's.

Gino a dit…

Je crois que je n'aime pas du tout Dire Straits mais je constate que deux de mes grands films sont mis en musique par Knopfler. "Local Hero" est un authentique bijou, et un film comme seules les années 1980 pouvaient en produire, d'un point de vue politique.
J'aime bien aussi le bizarre "Repo man" (aucun rapport).
Robocop : yeah !

Edisdead a dit…

Pour moi, le choix est aussi difficile pour cette décennie-là que pour la précédente.
Il me semble que la différence tient dans le fait que le corpus 70s est beaucoup plus éclaté et que "La maman et la putain" survole en étant le seul titre cité (presque) partout. Tandis que pour les 80s, tout le monde est à peu près d'accord sur les films ayant le mieux passé l'épreuve du temps.

Ma liste :
- un trio indépassable : Mauvais sang (Carax) / Mélo (Resnais) / Thérèse (Cavalier)
- deux classiques : L'argent (Bresson) / A nos amours (Pialat)
- deux films de vacances : Pauline à la plage (Rohmer) / Maine-Océan (Rozier)
- quatre forts souvenirs sur lesquels j'hésite à me repencher : Un monde sans pitié (Rochant) / Le Paltoquet (Deville) / Nocturne indien (Corneau) / Mortelle randonnée (Miller)
- deux films pas encore cités : Hotel Terminus (Ophuls) / Polar (Bral)

Ca fait 13 ? Tant pis...

Joachim a dit…

Merci cher Ed.
Heureux de voir que "Thérèse" t'a aussi marqué. J'étais peut-être jeune mais pour moi, ça a été un grand choc même si beaucoup de choses m'échappaient, un peu comme découvrir l'art moderne sans y être préparé, découvrir une autre façon d'aborder le cinéma, à la fois très abstraite mais aussi très matérielle, sans discours préétabli. J'ai l'impression que ce genre de rencontre arrive souvent dans l'adolescence, peut-être pas avec les oeuvres auxquelles on s'attend.

Sinon, "le paltoquet" m'avait aussi marqué, mais je l'ai revu récemment et je ne sais trop quoi penser de sa déconstruction, sa théâtralité. C'est original, c'est sûr mais c'est aussi incroyablement souligné et il y a un curieux paradoxe: une volonté de "faire moderne" tout en restant dans un cinéma "à l'ancienne" basé sur les emplois, la performance d'acteur. Ca ne crée pas beaucoup de vie, tout ça, finalement. De toute façon, Deville est vraiment un cas étrange, assez difficile à rattacher à quoi que ce soit...
Sinon "Pauline à la plage" et "Maine Océan" sont vraiment parmi les meilleurs films de vacance qui soient, effectivement...

Loryniel a dit…

Vous me tentez avec vos tops-là.
Malgré mes énormes lacunes, je m'y colle aussi :

1. A nos amours (Pialat)
2. Mélo (Resnais)
3. L'ami de mon amie (un Rohmer négligé)
4. Pauline à la plage (Rohmer)
5. L'amour à mort (Resnais)

un peu en-dessous :

6. Police & Sous le soleil de Satan (Pialat)
7. Mauvais sang (Carax)
8. Passion (Godard)

Il faut que je découvre les Rivette et Brisseau de cette période, Thérèse, Maine-Océan, Trop belle pour toi, Tenue de soirée, et le premier Carax, rééssayer les Straub. Voyez : je n'arrive même pas à 10.

Vincent a dit…

Finalement, je pense que tu as raison, Joachim, les années 80, ce n'est pas évident. Je me rends compte de plusieurs choses : Je connais très mal le cinéma d'auteur de cette époque. Ce que j'en connais, Resnais compris, je l'ai vu par la suite. En fait, les années 80, ce sont surtout pour moi le cinéma américain et la découverte du cinéma asiatique. Pour la France, c'est la déception de réalisateurs qui semblaient prometteurs (Besson, Beinex, Annaud, Mordillat), la disparition de Truffaut et Demy, l'éclipse de Sautet. Reste quand même les débuts de Guédiguian, Rochant, Carax, Ocelot et quelques autres, et puis un nouvel essor du court métrage qui donnera surtout ses fruits dans la décennie suivante. Donc :

Vivement dimanche ! (Truffaut) je me suis limité à un cette fois, mais j'adore les trois.
Mon oncle d'Amérique (Resnais)
Un mauvais fils (Sautet)
Notre histoire (Blier)
Garde à vue (Miller)
La lectrice (Deville)
Un monde sans pitié (Rochant)
Agent trouble (Mocky)
Mauvais sang (Carax)
Une chambre en ville (Demy)

Et puis quelques titres que me me souviens avoir aimé mais que je n'ai jamais revus. Et dont je me demande ce qu'il en reste :
Corentin ou les infortunes conjugales (Marbeuf)
Vive la sociale (Mordillat)
Le dernier combat (Besson)
La passion Béatrice (Tavernier)
Le pactole (Mocky)
Escalier C (Tachella)

Joachim a dit…

Merci cher Vincent de faire revenir des titres négligés (garde à vue, un mauvais fils...) qui doivent encore bien tenir le coup. Je dois dire pour ma part que je n'ai pas une grande passion pour "Une chambre en ville" même si je lui reconnais de beaux élans. Je ne sais pas si c'est ma culture Cahiers, mais j'ai toujours envie de faire ressortir des projets plus singuliers et plus imparfaits que des films de "qualité bien tempérée" (Miller, Deville, Sautet même si je trouve que ses derniers titres des années 90 sont bien meilleurs). Je me souviens aussi d'Agent trouble qui m'avais bien plu, comme un divertissement soigné. Pour ma part, je n'ai jamais vu "Y a-t-il un Français dans la salle" qui jouit d'une assez bonne réputation, entre autres parce que Godard et Daney l'ont beaucoup défendu... Ah, culture Cahiers, quand tu nous tiens...

Edisdead a dit…

C'est assez étrange ma découverte de "Thérèse". Je l'ai vu dès sa sortie. A l'époque, j'étais en plein dans Première/Studio. Pourtant, peut-être parce que eux aussi défendaient le film et avaient bien "préparé" leurs lecteurs, je ne l'ai pas ressenti comme une césure. Le film m'était apparu extrêmement fort, je l'ai adoré immédiatement, mais il n'a pas remis en question mon rapport au cinéma, basé à l'époque uniquement sur les oeuvres grand-public.
Le questionnement, l'évidence d'une démarche nouvelle, bizarrement, je l'ai ressenti plutôt avec "Libera me". Mais façon de voir les film avait déjà changé.
Comme quoi, Premiere, c'est très bien (à condition d'en sortir un jour)...

Loryniel a dit…

Honte sur moi ! Comment ai-je pu oublier 'Sans soleil' dans ma micro-liste ?