Pour "croquer" un territoire géographique, autant inventer, d'une même foulée, un territoire de cinéma. C'est exactement la démarche qui préside à la magnifique première heure du peut-être inégal mais fort poétique Ce cher mois d'août de Miguel Gomes (Quinzaine des réalisateurs). Disons tout d'abord que ce film est un foisonnant mixte de fiction et de documentaire, mais une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit. Comment aller plus loin ? Disons que ce film hors genre s'apparente tour à tour à un jeu, à une visite et à un carnet de croquis. Trois magnifiques définitions du cinéma, somme toute !
Un jeu : Un jeu de piste évidemment... Mais aussi un éloge du jeu à tous les âges, comme facteur de rencontre et de découverte.
Une visite : Un éloge de la découverte randonneuse, un inventaire d'une région, de ses habitants, de ses croyances, de ses "contes et légendes" comme autant d'entames de fictions qu'il suffirait de dérouler comme un fil. Quelque part, une démarche d'explorateur qui rappelle cette chanson (mais le film vaut bien mieux que le clip) dans son évocation western d'une campagne oubliée et endormie.
Un carnet de croquis : Equipe légère, caméra à l'affût, croquis ou haikus filmés. Le plus beau, c'est comment le film part réellement sur les traces du documentaire "chenille" pour faire affleurer la fiction "papillon". Au bout du compte, quelque chose d'encore plus immense: l'affirmation d'une vraie cosmogonie personnelle, qui à partir de la poésie du réel, impose à notre oeil de vrais élans surréalistes.
Qu'importe si ensuite, dans la partie "purement fictionnelle", l'originalité et la surprise semblent moins au rendez-vous. C'est peut-être un peu longuet (métrage total: 2 heures 30 tout de même) , mais ça reste un mélodrame touchant, et non dénué de charme et d'émotion. Et les spectateurs patients seront récompensés par un hilarant épilogue qui, derrière les rires, laisse affleurer une vraie profession de foi artistique et cinématographique. Faire rire et imposer son art, la vraie classe, quoi !
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