lundi 31 mars 2008

Quel rapport avec le cinéma français ?

"DOUZE PROPOSITIONS POUR SAUVER LE CINEMA D'AUTEUR"
(Sur le site web du Monde le jeudi 27 mars au soir)

"TREIZIEME PROPOSITION : Produire et réaliser des films que les spectateurs ont vraiment envie de voir."
(Sur le forum du Monde, quelques heures plus tard)


Bon apparemment...

...ça les fait pas du tout rire une blague pareille !



Au-delà de la blague peut-être démago (le cinéma français serait-il aussi mal aimé et mal compris, objet d'autant de railleries faciles que l'art contemporain ?), quand même l'affirmation Quelque part, on en revient toujours aux mêmes questions de désir, de nécessité et d'envie (c'est vrai que finalement un film ce n'est qu'un objet pour que l'envie d'un cinéaste rencontre celle d'un spectateur).


Tout cela pour dire que c'est bien beau les rapports, mais qu'il ne faudrait pas oublier les films en route... ce à quoi s'applique cette voix discordante, certes critiquable mais plus revigorante que la voix officielle.

On aurait peut-être mauvaise grâce de brocarder un travail sans doute sérieux et sincère qui prend acte d’un malaise persistant et propose des pistes pour offrir plus de moyens et d’indépendance « aux auteurs », mais je n’arrive jamais à me faire à cette idée selon laquelle le « cinéma d’auteur français » serait une entité patrimoniale à défendre à tout prix.

Et puis gardons à l’esprit que :

- Les gazettes qui titrent aujourd’hui sur ce « cri d’alarme du cinéma français » se pâmeront à coup sûr dans les prochaines semaines et mois sur les titres à venir (et moi-même trouverai-je sans doute mon compte, ne serait-ce qu’en partie, dans plusieurs de ces opus)… de Desplechin, Garrel, Grandrieux, Bonello, Honoré, Podalydès, Brisseau, Claire Denis, les Dardenne et Larrieu sans compter les tartines « pour ou contre » sur Houellebecq ou Bégaudeau chez Laurent Cantet (et sans compter le Mesrine de Richet qui, si ça se trouve, sera le film français le plus excitant de l’année, ce qui ferait les pieds à un certain nombre de « défenseurs du cinéma d’auteur »). De quoi donc relativiser tout de même ce fameux « état d’alerte ».


- Quelque part, ce rapport est à peine plus excitant qu’une motion de congrès, et cela rappelle la politique : noircir le tableau, « l’état des lieux », « l’héritage » pour mieux faire passer « les réformes ». J’ai toujours pensé que dans Pascale Ferran n’avait guère besoin de conclure son discours des Césars (salué avec un tel unanimisme que ça en devient suspect) en appelant au politique, puisque ce coup d’éclat la plaçait d’emblée au centre du jeu politicien de la baronnie auteuriste. Et donc pour finir de filer la métaphore politique à l’emporte pièce par des formules généralistes, disons que l’état du cinéma français quelque part rappelle celui du PS : tout de même assez soutenu, peut-être même plus puissant et apprécié qu’il ne le croît, mais qu’on aimerait un peu plus en phase avec son temps et sa société, ou dit autrement qu’il fasse un peu plus envie.

Mais sinon, je me dis aussi que :

- Il se trouve que quand j’ai commencé à m’intéresser au cinéma, fin 1986, début 1987, le cinéma français proposait alors, en moins de six mois, Maine Océan (Jacques Rozier), Thérèse (Alain Cavalier) et Mauvais Sang (Leos Carax), trois comètes dont, il est vrai, on serait bien en peine de trouver un quelconque équivalent dans le ciel hexagonal actuel. Pour autant, je ne vois pas quelle pourrait être la quelconque « mesure » qui faciliterait l’éclosion de tels films à part de ne pas être effrayé par l’intraitable entêtement de leurs auteurs. En somme, la seule lutte qui vaille reste celle contre l’inculture (des décideurs peut-être mais pas que), contre la censure économique, mais aussi contre l’autocensure des auteurs (la pire parce que la plus insidieuse des censures), mais bon, il faut sans doute plus d’un rapport pour s’attaquer au problème. On en revient toujours aux mêmes exemples bateaux, mais une bonne part des films mémorables du cinéma français se sont fait aussi contre tout un système de production de leur temps : La règle du jeu contre tout le cinéma des années 30, Bresson et Melville contre celui des années 50. Aujourd’hui, (et indépendamment de ce que l’on peut penser de leurs films), il me semble que les films de Kechiche ou de Bruno Dumont apportent la preuve qu’un éclat cinématographique est possible sans pour autant sacrifier à la moindre fourche caudine « du système ».

Et puis enfin une question :

- Pourquoi cette expression passe-partout « films du milieu » plaît infiniment aux « gens du milieu » ? Parce que être intronisé « au milieu du cinéma » par le « milieu du cinéma », c’est la place dont tout le monde rêve ?...
Voilà, bon après j'arrête de parler en généralités parce que je déteste ça et je reviendrai aux films, aux oeuvres et à ce qui me touche chez elles.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si, Jacques Nolot, il a l'air de rigoler un peu!

Joachim a dit…

Ouais, admettons mais faut vraiment bien regarder et puis il aimerait pas trop que les autres s'en rendent compte. En revanche, ça doit bien être la première fois que je vois Chabrol sans son air matois qu'il arbore d'habitude. Sur le site des Cahiers, il y a une photo de lui, dans une posture "à la Tavernier" (debout, le micro à la main). Peut-être une substitution d'identité...