J'ai un secret à vous dire. Le moyen-métrage Primrose Hill de Mikhaël Hers (pas loin de penser que c'était de loin ce que j'avais vu de mieux à la Semaine de la Critique en même temps, j'avais dû voir que deux autres fillms) est largement diffusé ces temps-ci:
-d'abord en compétition au festival de Clermont
-Ensuite sur France 2, mardi 5 février à 1 heure du matin (il y a même un lien pour la VOD)
-A Beaubourg, le 21 février à 21 heures en même temps que le dernier court de Luc Moullet Le litre de lait (pas vu).
-Et enfin, le 11 mars dans le cadre des Soirées Bref au MK2 Quai de Seine.
Espérons qu'il vous plaîra autant qu'à moi. Pour vous donner envie:
Quatre amis, deux garçons, deux filles. Ils étaient cinq, il n’y a pas si longtemps et leur journée d’hiver apparemment anodine est racontée par celle qui n’est plus là. Quelque chose s’est cassé entre eux, mais en même temps, dans le gel hivernal, dans leurs déambulations ordinaires, quelque chose ressurgit. Ce quelque chose, on ne sait pas si ce sont des sentiments enfouis, une complicité qu’on croyait perdue ou un souvenir protecteur. Sans doute un peu tout cela à la fois. Demain sera un autre jour.
Voilà. C’est ce que raconte Primrose Hill. Dit comme ça, ça peut ne pas paraître beaucoup, mais ce moyen-métrage (une heure) se révèle d’une belle densité qui transcende largement son canevas de départ.
Inspiré et discrètement lyrique, Primrose Hill est doté de ce genre de charme propre à certaines chansons qu’on croît être l’un des seuls à adorer, on ne sait pas pourquoi, peut-être parce qu’elles touchent quelque chose de profondément intime qu’on ne savait même pas nommer. Ça tombe bien, car Primrose Hill, le film comme son auteur Mikhaël Hers, paraît gorgé des souvenirs de disques mille fois écoutés, fétichisés peut-être à l’excès mais que l’on garde toujours auprès de soi. De fait, plus d’une scène de ce film se décante comme un single de pop anglaise : en distillant le parfum de capsules mélancoliques, littéraires (belle voix off) et habitées. Si je vous dis que la BO compte des titres de Felt, Boards of Canada ou The new government, c’est à la fois primordial et absolument sans aucune importance.
Absolument sans aucune importance, car si comme moi, vous ne lisez plus les Inrocks et que ces noms ne vous diront rien, ce n’est pas cela qui vous empêchera d’aller vers le film qui n’est en rien « pour initiés ».
Mais en même temps primordial car la musique, quasi constamment présente en sourdine, finit par devenir plus qu’un accompagnement ou alors au sens le plus noble du terme : un véritable partenaire des personnages et partant du film. Quelque chose passe vraiment du rapport projectif que chacun accorde à quelques morceaux et de la façon dont les subjectivités musicales en arrivent à façonner de solides rapports d’amitié voire des histoires d’amour. Pour preuve cette étonnante scène d’amour filmée sans ellipse, mais où le choix du CD adéquat a toute son importance pour abandonner les réciproques timidités.
-d'abord en compétition au festival de Clermont
-Ensuite sur France 2, mardi 5 février à 1 heure du matin (il y a même un lien pour la VOD)
-A Beaubourg, le 21 février à 21 heures en même temps que le dernier court de Luc Moullet Le litre de lait (pas vu).
-Et enfin, le 11 mars dans le cadre des Soirées Bref au MK2 Quai de Seine.
Espérons qu'il vous plaîra autant qu'à moi. Pour vous donner envie:
Quatre amis, deux garçons, deux filles. Ils étaient cinq, il n’y a pas si longtemps et leur journée d’hiver apparemment anodine est racontée par celle qui n’est plus là. Quelque chose s’est cassé entre eux, mais en même temps, dans le gel hivernal, dans leurs déambulations ordinaires, quelque chose ressurgit. Ce quelque chose, on ne sait pas si ce sont des sentiments enfouis, une complicité qu’on croyait perdue ou un souvenir protecteur. Sans doute un peu tout cela à la fois. Demain sera un autre jour.
Voilà. C’est ce que raconte Primrose Hill. Dit comme ça, ça peut ne pas paraître beaucoup, mais ce moyen-métrage (une heure) se révèle d’une belle densité qui transcende largement son canevas de départ.
Inspiré et discrètement lyrique, Primrose Hill est doté de ce genre de charme propre à certaines chansons qu’on croît être l’un des seuls à adorer, on ne sait pas pourquoi, peut-être parce qu’elles touchent quelque chose de profondément intime qu’on ne savait même pas nommer. Ça tombe bien, car Primrose Hill, le film comme son auteur Mikhaël Hers, paraît gorgé des souvenirs de disques mille fois écoutés, fétichisés peut-être à l’excès mais que l’on garde toujours auprès de soi. De fait, plus d’une scène de ce film se décante comme un single de pop anglaise : en distillant le parfum de capsules mélancoliques, littéraires (belle voix off) et habitées. Si je vous dis que la BO compte des titres de Felt, Boards of Canada ou The new government, c’est à la fois primordial et absolument sans aucune importance.
Absolument sans aucune importance, car si comme moi, vous ne lisez plus les Inrocks et que ces noms ne vous diront rien, ce n’est pas cela qui vous empêchera d’aller vers le film qui n’est en rien « pour initiés ».
Mais en même temps primordial car la musique, quasi constamment présente en sourdine, finit par devenir plus qu’un accompagnement ou alors au sens le plus noble du terme : un véritable partenaire des personnages et partant du film. Quelque chose passe vraiment du rapport projectif que chacun accorde à quelques morceaux et de la façon dont les subjectivités musicales en arrivent à façonner de solides rapports d’amitié voire des histoires d’amour. Pour preuve cette étonnante scène d’amour filmée sans ellipse, mais où le choix du CD adéquat a toute son importance pour abandonner les réciproques timidités.
Primrose Hill est un film à la croisée des chemins : entre la chronique (c’était un jour comme les autres) et le récit initiatique (c’est une journée où finalement tout se passe), entre le réel et l’onirique (le parc de Saint-Cloud ressemble fortement au parc verlainien), à mi-chemin de l’abandon des espoirs que l’on construit autour de ses vingt ans (au risque de verser dans la sénilité adolescente) et de la mise à l’épreuve d’une jeunesse déjà enfuie. Il ne s’agit pas tant de « rentrer dans l’âge adulte » ou « de faire son deuil de l’insouciance adolescente » que de se laisser surprendre par la résurgence d’enthousiasmes ou de flammes qu’on ne soupçonnait plus au fond de soi et qui, même si elles paraissent plus désabusées n’en sont pas moins belles. En somme, en partant à la quête des traces d'adolescence qui continuent d'essaimer dans l'âge adulte, en collectant les traces de vie qui persistent même quand l'enthousiasme s'est épuisé, le film permet d’accueillir tout ce qui continue à se passer quand on croit qu’il ne se passe plus rien. Quand même pas rien d’y parvenir.
S’il fallait placer ce moyen-métrage sous de bienveillantes auspices cinématographiques, on pourrait dire qu’il croise le destin de plusieurs « cœurs en hiver » en plein « âge des possibles », mais disons simplement que Primrose Hill n’a guère besoin de références tant le pudique souffle mélancolique qu’il distille n’appartient qu’à lui.
7 commentaires:
beau film en effet...
et ce que tu dis sur le rapport des personnages à la musique est très juste...
ce qui m'a beaucoup plu se joue justement sur ce rapport quotidien à la musique... c'est étonnant mais il est finalement assez rare de voir au cinéma un personnage mettre un disque, écouter un disque, acheter un disque... ici, il y en a un qui travaille dans une médiathèque, qui range des cd... C'est bête à dire mais filmer l'amour de la musique, la place du rock dans nos quotidiens, sans fétichisme (type Presque célèbre, etc), c'est une chose assez rare que réussit Hers.
Et cette scène d'amour, si belle et si sensible...
Mille mercis pour avoir conseillé la vision de ce film. Comme le dit ton article et le commentaire précédent, il est étonnant de voir rendu de cette façon le rapport de chacun avec la musique, façon très simple, dénuée de toute pose. Je suppose ne pas avoir été le seul dans les parages de ce blog a avoir été profondément troublé par la discussion lancée sur le thème "Parle-t-on de nos disques avant tout pour parler de nous ?".
Bonjour,
merci pour cette belle critique ... mais j'arrive trop tard pour les rediffusions tv :/ et l'accès vod semble -heu- inactif :(
Le film sera-t-il programmé ailleurs (cinéma de quartier) ou encore (tv) ? Et si non, circule-t-il en divx ?
Coup de chance pour les retardataires comme moi : le film est programmé par la cinémathèque française dans le cadre d'une soirée "Lisières".
Lundi 1er Décembre 2008 - 20h30 - SALLE JEAN EPSTEIN
Il passe aussi quelques semaines avant à Beaubourg le jeudi 16 octobre à 20h.
Merci pour l'info, octobre c'est beaucoup plus près de nous !
Heu, par hasard, ce sera en présence de Mickaël Hers ?
Putain depuis 2008 vous faites quoi ?
Y a une nouvelle vague ?
Mikhael Hers ce miracle du cinéma français
Thibault Vinçon tu es le BEST (si tu le savais pas hein ? )
bises
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