dimanche 22 novembre 2009

Préliminaires (à une exploration érotique de ma cinéphilie)

Possible que grâce à (ou à cause de) l'imposant questionnaire de Ludovic "Erotisme et cinéma", ce présent blog se transforme dans ses prochaines notes en cabine de chauffeur routier cinéphile à coups d'extraits aguicheurs et de photos courtes vêtues. Je ne dis pas ça pour appâter le chaland, mais aussi comme un challenge pour moi-même : ne pas s'en tirer trop systématiquement à bon compte à coups d'exclamations bateau du style : "oh, je ne connais rien de plus troublant que l'irisation d'un rayon de soleil filmé à travers un feuillage"... L'heure des aveux approche et il va enfin être temps d'arriver à parler de références plus ou moins (re)connues, plus ou moins avouables, mais pas moins estimables...

Bon, pour commencer, à la première question "Quel est votre plus ancien souvenir d'émoi érotique ayant un lien avec le cinéma ", je renvoie à cette note où j'évoquais, entre autres souvenirs, ma juvénile passion pour Bo D. et Ornella M.... et pour rester avec cette dernière, je me souviens également de la belle affiche et surtout de la bande-annonce de Contes de la folie ordinaire (Marco Ferreri 1981, pas vu mais lu trop tard -ça m'aurait fait plus d'effet à 17 ans qu'à 27), ce moment où elle s'enfonçait une épingle à nourrice dans les joues et en tirait un petit plaisir, souvenir marquant quand on a 8 ans et qui devait être ma première rencontre avec disons la déviance.

Sur ce, je passe directement aux questions 14 "Vous êtes enfermé jusqu'au matin avec le partenaire de jeu de votre choix dans un musée berlinois qui a reconstitué des centaines de décors de films. Lequel choisissez-vous pour votre nuit ?" et 24 "Quelle est votre scène muette entre deux amants préférés", je réponds que je veux revenir une nuit au Salon de l'auto à Bruxelles en 1967 pour vivre ça :


Le départ (Jerzy Skolimowski 1967)

Tout cela reste très chaste, mais le bref moment où les deux mains se tendent quand la voiture ne fait plus qu'un reste quand même un sommet de fusion charnelle où le minimalisme de la forme n'empêche pas l'intensité. Promesse de l'instant, magie de la rencontre, magnifiée par la chanson (d'ailleurs, quelqu'un sait qui chante et quel titre ?) et en même temps tempérée par la douce inquiétude des paroles.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est exactement comme cela que je lis l'érotisme... une métaphore laurence extrait enchanteur

Dr Orlof a dit…

C'est la première fois que l'idée de voyager dans une cabine de routier me réjouit à ce point!
Tu as peut-être trouvé la bonne solution pour déjouer les pièges de ce terrible questionnaire : les réponses au compte-gouttes.
Je ne connais pas le film de Skolimowski (malheureusement) mais l'extrait est superbe.

Gilbert Pinna, le blog graphique a dit…

...oui, magie aussi du cinéma porté par la grande et belle vague de l'époque...intensité de Jean-Pierre Léaud, beauté troublée d'une Marie Dubois (ce n'est pas elle), tempo lancinant de la chanson...écho de Jacques Demy...quel extrait !

Ludovic a dit…

Très bonne idée, à suivre de très près !

Joachim a dit…

Merci les amis et heureux d'avoir fait découvrir le film à ceux qui ne le connaissaient pas.
Cher Doc, la stratégie du compte-gouttes et du "pas tout tout de suite" reste imparable pour la montée du désir... ;-)
Gilbert, Bienvenue (et j'irai voir votre blog). C'est vrai que je n'avais pas pensé à la timidité d'Aznavour face à Marie Dubois dans "Tirez sur le pianiste" et qu'il y a un peu de ça. D'ailleurs, beaucoup de références Nouvelle Vague me sont venus immédiatement à l'esprit: un vrai cinéma du désir, de la drague et du "comment parler à l'autre sexe". A croire que ceux qui vouent ce cinéma aux gémonies ne s'intéressent pas à ces questions-là...
Ludovic, ce n'est qu'un début...

Ed(isdead) a dit…

J'ai préféré pour ma part tout avouer d'un seul coup. Doit-on en tirer des conclusions ???

J'évoque aussi Ornella Muti. Génération oblige, bien que j'ai découvert "Conte de la folie ordinaire" il y a quelques années seulement (et sans grand enthousiasme, je dois le dire).

Et merci de nous ressortir cette séquence du "Départ", ce magnifique film sur la vitesse, la jeunesse, la musique, l'amour... Les 60's dans ce qu'il y a de plus touchant.
(cela dit, si je me souviens bien, pour pouvoir profiter de cette nuit dans le salon désert, il faut tenir un bon moment recroquevillé dans un coffre de voiture...)