mardi 24 novembre 2009

Intimité

D'un bout à l'autre de la chambre...... les parcours sont bien dessinés.Et toute la ville autour de nous...
... serait belle, serait silencieuse..."
Images : Manhattan (Woody Allen 1979)
Texte : Chanson de la ville silencieuse (Dominique A / François Breut 1993)

***

A la réponse à la question "Existe-t-il un plan, une séquence ou un film qui aient réussi à vous émoustiller sans avoir été a priori conçu à cet effet ?", je pense à ce court moment du film de Woody Allen, dont la composition graphique et spatiale me paraît parfaite : quelques rares points de lumière qui définissent les bornes du parcours des personnages, pendant qu'un bref moment la symphonie urbaine de la ville-cocon est sur pause. Un mouvement entre l'ampleur du romantisme et l'étriqué des murs de la chambre somme toute comparable à duo Dom. A. / Fr. B. Sans entendre le dialogue de la séquence, la distance qui s'infiltre dans ce couple est déjà manifeste. Plus que de me sentir "émoustillé" par le plan, je ressens tout de même un fort trouble, comme si j'allais moi-même devoir rejoindre et trouver mes mots pour réconforter une odalisque menacée par l'ennui. Et paradoxalement, la largeur du plan nécessaire à l'équilibre de cette sensualité domestique renforce la proximité.

Pour continuer sur les scènes de chambre...

"Vous prenez miraculeusement, au sein d'un film, la place d'un potentiel partenaire sexuel : lequel ?"

Là encore, il ne s'agit pas vraiment de "prendre la place" mais de ressentir une proximité. Et dans cette catégorie, je ne vois pas quel film a donné plus l'impression "d'y être" que les scènes dans et autour du lit de La maman et la putain (Jean Eustache 1973).



"Quel est pour vous le plus beau plan d'homme ou de femme endormi ?"


Théorème : Pour qu'un plan d'homme endormi soit réussi, il faut un plan d'une femme qui vient de se réveiller à côté.

Démonstration :


Les amours d'une blonde
(Milos Forman 1965)

Sachant qu'il y a sans doute autant voire plus difficile à filmer qu'une scène d'amour : une scène de réveil amoureux.

1 commentaire:

Ludovic a dit…

J'apprécie beaucoup ce théorème !