Le dernier des immobiles est un film apparemment sans queue ni tête, un film qui n'en fait qu'à sa tête. En fait, c’est plutôt une quête.
Le dernier des immobiles est un film qui se pose plein de questions, un film qui se demande de quoi est fait le quotidien d’un poète, un film qui se demande surtout comment faire rentrer la poésie (la vraie, la poésie comme expérience, comme découverte du monde, pas celle des « bonheurs minuscules ») dans son quotidien. Des questions pareilles, ça vaut bien un film.
A la base du film, il y a le souvenir tenace du choc reçu par Nicola Sornaga lors la découverte de l’œuvre du poète Matthieu Messagier. Une dizaine d’années plus tard, il décide de partir à sa rencontre. Et une confrontation avec celui qui a illuminé vos 18 ans, ça vaut bien un film.
Mais Matthieu Messagier est un immobile matou, cloué sur son fauteuil roulant, parlant par aphorismes, un voyageur statique écrivant sur des papiers à lettres glanés dans les hôtels du monde entier. Et quand un admirateur, qui plus est équipé d’une caméra vient à sa rencontre, c’est l’occasion de mettre sa poésie à l’épreuve du cinéma. En échange de ses mots, il demandera au jeune cinéaste d’aller lui ramener des images des lieux qui l’inspirent (en Suisse, en Italie, telle saison, tel jour, telle heure) et ainsi de dresser la carte ciné-rêvée de leur territoire poétique commun. Un pacte pareil, ça vaut bien un film !
Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Et le film raconte les voyages, les difficultés de Sornaga à transmettre sa foi et son lyrisme à son équipe (Moretti n’est jamais très loin quand le film met en scène sa propre équipe de semi amateurs dans une veine burlesque), son sentiment du « trop tard », du « jamais au rendez-vous », son attente et ses doutes quant à produire une émotion aussi fulgurante que celle qu’il a ressentie devant les mots de Messagier. Mais précisément, c’est au milieu de tous ces atermoiements, tous ces moments d’attente, ce flottement qui menace de tout faire retomber comme un soufflé que surgit l’étincelle. Cette étincelle, quelle serait-elle ? Peut-être simplement celle d’un léger étonnement devant la fragile plénitude du monde. Un étonnement sans doute difficile à décrire, tellement il résonne différemment chez chacun. Un étonnement désarmé et désarmant, mais plein de malice inquiète. Un étonnement qui demande au spectateur qu’il mette en jeu son propre désir de vouloir être « réellement » étonné au cinéma (et pas simplement distrait par ce fameux « ton décalé » promu dans n’importe quel film dit « indépendant »).
En cela, l’étonnement du spectateur devant ce film ovni rejoint celui du cinéaste devant ce territoire qu’il filme juste avant qu’il ne se dérobe à son regard.
Au fond, l’image emblématique du Dernier des immobiles, c’est celle de cette étrange embarcation qui apparaît dans sa dernière séquence : un bateau en bois, à l’échelle humaine et prêt à naviguer, mais reprenant exactement la forme d’un bateau en papier plié. Toute l’équipe s’embarque dessus, sauf le réalisateur, pris soudain d’une crise d’ironie quant à sa propre entreprise. Bonne façon de condenser le projet du film : partir à la quête des ses propres lubies pour les rendre concrètes et visibles, tout en sachant combien cette démarche est aussi bien démiurgique que dérisoire, follement ambitieuse mais immensément fragile.
Tellement fragile que du Dernier des immobiles, il ne me reste aujourd’hui, quatre ans après sa découverte que des bribes de mes souvenirs. Pas grave ! Le film semble presque être fait pour ça : pour ne laisser derrière lui que des lambeaux, que des « traces qui font rêver ». C’est un autre de mes « rêves de films » qui se rappellent régulièrement à mon souvenir, quand bien même, leur souvenir est plus que lacunaire et qu’il me paraît impossible de les saisir totalement. Ainsi, si des lecteurs ont d’autres souvenirs ou perceptions de ce film, qu’ils n’hésitent pas à les faire partager.
Comme indices pour partir à la recherche de ce film et de son ambiance si particulière, il y a ce site en attendant la sortie annoncée du DVD dans quelques mois.
Le dernier des immobiles est un film qui se pose plein de questions, un film qui se demande de quoi est fait le quotidien d’un poète, un film qui se demande surtout comment faire rentrer la poésie (la vraie, la poésie comme expérience, comme découverte du monde, pas celle des « bonheurs minuscules ») dans son quotidien. Des questions pareilles, ça vaut bien un film.
A la base du film, il y a le souvenir tenace du choc reçu par Nicola Sornaga lors la découverte de l’œuvre du poète Matthieu Messagier. Une dizaine d’années plus tard, il décide de partir à sa rencontre. Et une confrontation avec celui qui a illuminé vos 18 ans, ça vaut bien un film.
Mais Matthieu Messagier est un immobile matou, cloué sur son fauteuil roulant, parlant par aphorismes, un voyageur statique écrivant sur des papiers à lettres glanés dans les hôtels du monde entier. Et quand un admirateur, qui plus est équipé d’une caméra vient à sa rencontre, c’est l’occasion de mettre sa poésie à l’épreuve du cinéma. En échange de ses mots, il demandera au jeune cinéaste d’aller lui ramener des images des lieux qui l’inspirent (en Suisse, en Italie, telle saison, tel jour, telle heure) et ainsi de dresser la carte ciné-rêvée de leur territoire poétique commun. Un pacte pareil, ça vaut bien un film !
Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Et le film raconte les voyages, les difficultés de Sornaga à transmettre sa foi et son lyrisme à son équipe (Moretti n’est jamais très loin quand le film met en scène sa propre équipe de semi amateurs dans une veine burlesque), son sentiment du « trop tard », du « jamais au rendez-vous », son attente et ses doutes quant à produire une émotion aussi fulgurante que celle qu’il a ressentie devant les mots de Messagier. Mais précisément, c’est au milieu de tous ces atermoiements, tous ces moments d’attente, ce flottement qui menace de tout faire retomber comme un soufflé que surgit l’étincelle. Cette étincelle, quelle serait-elle ? Peut-être simplement celle d’un léger étonnement devant la fragile plénitude du monde. Un étonnement sans doute difficile à décrire, tellement il résonne différemment chez chacun. Un étonnement désarmé et désarmant, mais plein de malice inquiète. Un étonnement qui demande au spectateur qu’il mette en jeu son propre désir de vouloir être « réellement » étonné au cinéma (et pas simplement distrait par ce fameux « ton décalé » promu dans n’importe quel film dit « indépendant »).
En cela, l’étonnement du spectateur devant ce film ovni rejoint celui du cinéaste devant ce territoire qu’il filme juste avant qu’il ne se dérobe à son regard.
Au fond, l’image emblématique du Dernier des immobiles, c’est celle de cette étrange embarcation qui apparaît dans sa dernière séquence : un bateau en bois, à l’échelle humaine et prêt à naviguer, mais reprenant exactement la forme d’un bateau en papier plié. Toute l’équipe s’embarque dessus, sauf le réalisateur, pris soudain d’une crise d’ironie quant à sa propre entreprise. Bonne façon de condenser le projet du film : partir à la quête des ses propres lubies pour les rendre concrètes et visibles, tout en sachant combien cette démarche est aussi bien démiurgique que dérisoire, follement ambitieuse mais immensément fragile.
Tellement fragile que du Dernier des immobiles, il ne me reste aujourd’hui, quatre ans après sa découverte que des bribes de mes souvenirs. Pas grave ! Le film semble presque être fait pour ça : pour ne laisser derrière lui que des lambeaux, que des « traces qui font rêver ». C’est un autre de mes « rêves de films » qui se rappellent régulièrement à mon souvenir, quand bien même, leur souvenir est plus que lacunaire et qu’il me paraît impossible de les saisir totalement. Ainsi, si des lecteurs ont d’autres souvenirs ou perceptions de ce film, qu’ils n’hésitent pas à les faire partager.
Comme indices pour partir à la recherche de ce film et de son ambiance si particulière, il y a ce site en attendant la sortie annoncée du DVD dans quelques mois.
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