vendredi 5 mars 2010

Passion destroy

Pour faire suite à un précédent post sur Kiarostami et Costa, nouvelles pièces à ajouter au corpus des "films passions" prenant comme seul et noble sujet le spectacle des visages pris sous leurs tempêtes physiques et mentales, mais cette fois-ci sur un registre plus destroy.

Tout d'abord, cet extrait d'un court-métrage de Ben Russell, cinéaste découvert à Rotterdam. Littéralement, un pur documentaire sur la transe musicale : "sons et lumière, corps et âmes".


Moins plastiquement séduisant et plus ambigu (disons qu'on a moins envie de se faire porter par cette transe-là), une déclinaison footeuse (et malheureusement incomplète sur le Net) du dispositif : Wir sind dir treu (Michael Koch 2005).


Disons que si cette vidéo m'intéresse, c'est aussi parce qu'elle saisit (certes, de manière mouvante et subjective) le point de bascule entre fascination et malaise.

Et si vos yeux et vos oreilles tiennent encore le coup, vous pouvez leur faire subir les derniers outrages aux yeux et aux oreilles, vous pouvez tenter la rencontre entre Dreyer et les punks numériques de Granular Synthesis. Bon, c'est un essai de ma part, pas sans risque sans doute... mais qui révèle que les images d'un film de 1928 tiennent encore sacrément le coup face aux assauts stroboscopiques et que le muet continue de porter en lui un sacré vacarme !

3 commentaires:

laurence a dit…

désespérant

Joachim a dit…

Chère Laurence. Si cela ne vous demande pas trop de temps et d'effort, je serais curieux de connaître le fond de votre pensée qui se cache derrière ce lapidaire commentaire.
Il est vrai que la juxtaposition de ces images (qui jouent toutes sur l'absence de contrechamp) crée aussi une sensation d'étouffement et de malaise, qui n'est que sous-jacente dans chacune des pièces prise individuellement.
Pour tout dire, j'ai un peu hésité à faire figurer la vidéo sur les supporters (et pour tout dire, je ne sais pas si je l'aime vraiment). Le problème de ces images, c'est qu'on ne peut pas les lire en faisant abstraction d'un contexte sociologique, de nos propres appréhensions face aux mouvements de foule, au tribalisme, etc... Mais c'est aussi l'objectif de la vidéo que de mettre à l'épreuve la neutralité du regard et du dispositif.
Quant au travail de Granular Synthesis, on n'en voit ici que la conclusion car il s'agit d'une longue vidéo qui travaille la décomposition des visages et des attitudes à la manière d'un portait "impressionniste hystérique" si je peux me permettre l'expression. Pour avoir vu d'autres de leurs oeuvres en situation, il y a une indéniable violence là-dedans mais quelque chose d'aussi très saisissant (sans compter leur travail sonore sur les vibrations qui traversent littéralement le corps des spectateurs) qui, selon moi, fonctionne comme un exorcisme et revient au fondement cathartique de la scène (car la monumentalité de leurs vidéos fait qu'elles tiennent autant de la scénographie que de l'exposition).
Enfin, je ressens beaucoup moins de malaise devant la première vidéo (quand bien même elle paraît aussi figurer une dilution de l'individu dans la foule). Sans doute parce que j'y trouve aussi une alliance entre musique et lumière : un cadre bouché sur les bords et une échappée lumineuse en son centre qui aspire les visages comme des papillons, ou plutôt des lucioles. Et puis, on a le sentiment que cette transe et cet abandon ne durent finalement que le temps d'une chanson.

laurence a dit…

Vous avez raison c'est la deuxième qui me dérange j'ai l'impression d'une collectivité mécanisée dont les piles ne s'useront jamais parfois la vidéo vous enferme dans un monde d'ou le regard ne peut sortir et en cela totalitaire elle est pour moi insoutenable...