« If the doors of perception were cleaned, everything would appear as it is: infinite. »
(Si les portes de la perception étaient nettoyées, toute chose apparaîtrait telle qu'elle est : infinie)
William Blake (propos de 1794 ayant entraîné la fondation d'un groupe pour adolescents)
Plutôt que nettoyées, on peut heureusement se réjouir que certaines portes ne nous soient pas grandes ouvertes. Buter contre elles, c'est aussi faire transparaître des significations insoupçonnées, infinies. Trois exemples.
La porte et la loi :
Le procès (Orson Welles 1962) - Pour pallier le sous-titrage, la métaphore traduite en français...
La porte et la terreur :
Leopard man (Jacques Tourneur 1943) : Si on traverse le passage sombre, c'est pour mieux échouer contre la porte sanglante.
La porte et l'interdit:
Tournage d'I love you (Marco Ferreri 1986)
Pas d'extraits mais un (mini) making-of, parfaitement dans le ton du cinéaste : hénaurme et narquoisement psychanalytique. Rester à la porte, c'est être relégué comme "voyeur auditif", et de fait, la grande hauteur de la porte du studio ramène l'homme à l'échelle d'un enfant goguenard de sa propre immaturité, thème éminemment ferrerien s'il en est.
(Pas vu le film d'ailleurs. Quelqu'un s'en souvient ? Je ne trouve que ça qui suggère la pépite oubliée.)
Au fond, ces trois exemples ne parlent que de ça: c'est dans les recoins, les impasses, les angles morts de la perception et/ou de la représentation que viennent se nicher les déploiements les plus tortueux de l'imaginaire.
6 commentaires:
Percevoir encore faut il avoir des sens ou un sens Le sens de quoi me direz vous Peut être du ridicule...Oui c'est ça du ridicule...le clown perçoit le mieux du monde ce sens là. Vous aimez rire ? alors le clown triste vous fera hurler de rire .. la porte étroite...celle du non sens vous percevez?
J'ai horreur de l'anonymat quant aux fautes de frappe n'en parlons pas...
je l'ai vu à sa sortie, I love you, mais je ne vais pas être très utile car j'en ai vraiment peu de souvenirs. Le film est sorti peu de temps avant ou après Max mon amour de Oshima et je m'étais dit que le cinéma allait décidément dans des directions... bizarres ces temps-ci....
J'ai vu "I Love You" à l'époque. Pour moi c'était drôle car le tournage avait été réalisé en grande partie dans les entrepôts désaffectés de Balard où j'ai traîné mon adolescence et où il y avait toujours des tournages de clips...
Peu de souvenirs du film, ça ne ressemblait à rien de ce que je connaissais, c'était bizarre, je me rappelle que l'esthétique générale et les gimmicks (comme le porte clef) m'ont plu, mais qu'en même temps je n'ai pas tellement compris le thème du film.
Pareil : pas beaucoup de souvenirs de ce "I love you" sinon qu'il s'agissait d'une de ces fables qu'affectionnait Ferreri pour traduire le désarroi de "l'homme moderne". Comme dans le beau et méconnu "Break up", l'obsession confinait à la folie.
Tiens, tu m'as donné envie de le revoir...
Laurence
Effectivement, avec ces trois cinéastes, on est dans l'expressionnisme mais à chaque fois dans des registres différents. Disons que chacun assume aussi, par des biais très divers, sa part de clown. Welles serait-il un clown philosophe, Tourneur un clown terrifiant et Ferreri un clown bouffon ?...
Zvezdo & Doc Orlof
Je crois que des des films qui vont dans des directions bizarres, c'est un peu ce qui (me) manque aujourd'hui. Délicat de généraliser (on trouvera toujours des exceptions) mais l'impression assez tenace que le cinéma est au contraire plutôt... balisé ces temps-ci.
Et d'Oshima et de Ferreri, je n'ai vu finalement qu'assez peu de films, leurs plus connus. Je ne doute point que même des titres plus "mineurs" de leurs filmos respectives recèlent intérêt et surprise.
Jean-No
Merci de votre visite qui m'a permis de (re)découvrir votre blog qui m'impressionne beaucoup même si je ne connais pas grand-chose en culture informatique... Sur vos pages, j'ai découvert des accessoires non sans parenté avec le porte-clef d'I love you. Et puis, au-delà de la technique, je prends aussi cela comme de nouvelles invitations à l'imaginaire.
De plus, j'ai une grande admiration pour l'oeuvre prolifique de Claude Closky (que je ne connais que très partiellement). Je suis donc curieux de savoir en quoi consiste votre collaboration... mais je fouillerai plus avant dans votre blog pour y trouver des indices.
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