vendredi 1 mai 2020

La porte du labyrinthe

Bonne blague twitter avec cet effet spécial simplissime, ce jeu sur l'arrière-plan qui fonctionne toujours. Rentrer par inadvertance et se déranger soi-même, voilà un imparable gag à double fond qui a de quoi rendre jaloux Charlie Kaufman.

Créer le vertige par un simple jeu d'ouvertures et de fermetures de porte. Rentrer en soi comme dans un labyrinthe, c'était déjà le défi virtuose de ce passage d'Opération Peur (Mario Bava 1966). On a beau ouvrir frénétiquement des portes, on ne sort jamais de la même pièce, encore moins de son propre espace mental. Pousser la porte, c'est glisser dans le dédale de sa propre schizophrénie.

Un acteur qui court derrière un figurant, un jeu de costume identique, et comme seul effet spécial, le rythme musical des panoramiques de la caméra. Il ne faut pas grand chose, finalement pour créer un vertige.




Autre petit labyrinthe architectural, celui rencontré par Jackie Chan dans Mister Cool (Sammo Hung 1997). Dans le recoin d'un immeuble en chantier, une zone soudainement plus architecturée : une trame de parois grises et de portes bleues. Idéale pour semer l'ennemi. La séquence prend des allures de bonneteau visuel. Hop, hop, hop, derrière quelle porte est passé Jackie ? Impossible de retrouver ses repères dans le rythme des claquements, ouvertures et fermetures. Qu'y a-t-il derrière la porte bleue : un adversaire? un allié? un coup de poing? une grimace? 
L'espace en devient un quadrillage presque abstrait, animé par le surgissement de blocs bleus sur ce fond grisâtre.  

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Il est toujours amusant de croiser, au détour de films a priori de pur divertissement, des éléments de décor qui ressemblent à des installations d'art contemporain.



Ainsi, ce petit labyrinthe de Jackie Chan évoque pour moi le Labyrinthe Initiatique de Laurent Parienté (1997), agencement de parois de plâtre blanc, aux multiples pans, recoins et perspectives biaises. Quelle poursuite infinie aurait-on pu tourner là-dedans ?

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